Face à la chute des prix de quasi toutes les productions, le gouvernement a accordé en août 15 millions d'aides d'urgence au secteur. La réunion de mardi veut s'attaquer cette fois aux problèmes de fond.
Au centre des travaux, le coût du travail. Ce dossier a été ouvert par le ministre lui-même qui a souligné à plusieurs reprises cet été combien ce coût était «trop élevé».
«Nous ne pouvons pas continuer à produire des fruits et légumes saisonniers à 12 euros de l'heure quand le tarif est à 6 euros en Allemagne, 7 euros en Espagne et 8 euros en Italie», a encore récemment déclaré Bruno Le Maire devant la commission économique de l'Assemblée nationale.
Un désavantage d'autant plus important que pour certains producteurs comme les maraîchers ou les arboriculteurs, les coûts salariaux représentent plus de 50% des coûts de production.
«Nous sommes très inquiets», a déclaré, vendredi, Bruno Dupont, président de la Fédération nationale des producteurs des fruits (FNPF). «Sur la baisse des charges, le ministre semble un peu court alors que c'était un engagement fort de sa part», a ajouté le responsable syndical.
Parmi les formules envisagées, une partie de la TVA à 5,5% qui pèse sur les fruits et légumes pourrait revenir aux producteurs. Ceux-ci souhaitent récupérer environ 1,3%, selon Bruno Dupont. «Mais la formule juridique n'est pas simple à trouver et surtout il faut que cela soit eurocompatible», a-t-il ajouté.
Depuis l'annonce au début d'août que les producteurs de fruits et légumes devront rembourser, à la demande de Bruxelles, plusieurs centaines de millions d'euros d'aides nationales indûment perçues, les pouvoirs publics comme les professionnels sont extrêmement vigilants sur l'«eurocompatibilité» des soutiens, a assuré le président de la FNPF. Le dossier du remboursement ne devrait pas être abordé lors de la réunion de mardi, selon lui.
Les professionnels attendent par ailleurs des annonces sur les crédits à l'exportation, promis par le gouvernement pour aider les producteurs, essentiellement de pommes afin de ne pas réduire à néant leur année.
Lundi soir, dans un communiqué commun, Légumes de France et la FNPF réclament «des actes, pas des discours! Une table ronde pour qu’il y ait encore demain un potager et un verger en France… Vous l’avez affirmé Monsieur le ministre! Alors il faut des réponses pour les producteurs!!! Faute de quoi, cette réunion vaudra avis d’obsèques...».
Alors que la saison commence à peine en France, les prix s'effondrent, le marché étant inondé de stocks d'invendus, a affirmé, vendredi, la Coordination rurale. Longtemps premier exportateur mondial de pommes, la France qui vend près de la moitié de sa production à l'étranger, n'a cessé de perdre des parts de marché.
La France a besoin de la garantie de l'Etat alors que la crise financière a fragilisé ses clients à l'export que les assurances ne veulent plus couvrir.
La grande distribution participera également à la réunion. Cet été, elle a été une fois de plus mise en cause par les producteurs qui lui reprochent d'importer des fruits et légumes en provenance de pays où les prix sont moins élevés (Espagne, Italie, Allemagne, Belgique,...).
Les agriculteurs l'accusent également de pratiquer des marges excessives. A ce sujet, l'observatoire des prix et des marges publiera les résultats de son enquête sur les fruits et légumes le 8 octobre.