Des producteurs de l'appellation d'origine protégée (AOP) « camemberts de Normandie » se préparent à déposer plainte contre les fromages industriels pour « usurpation de notoriété », a indiqué vendredi Patrick Mercier, président des organismes de gestion des AOP de la Basse-Normandie.
Les plaignants reprochent aux industriels d'inscrire la mention « fabriqué en Normandie » sur leurs produits, créant ainsi la confusion avec les AOP étiquetés « camembert de Normandie ».
L'AOP, très strictement encadrée, exige notamment que le camembert de Normandie soit fabriqué à partir de lait cru produit par des vaches normandes, moulé à la louche, et transformé dans des zones géographiques répertoriées.
« Toute connotation créant la confusion chez le consommateur est illégale », souligne M. Mercier.
« Une récente étude nous a montré que 90 % des consommateurs normands ne savent pas reconnaître les appellations d'origine » dans les rayons des magasins, a-t-il poursuivi, soulignant que la filière se trouvait « en sursis » en raison de cette « usurpation de notoriété ».
Seuls 5 % des camemberts, contre 10 à 15 % dans les années 2007-2008, sont aujourd'hui fabriqués dans le cadre de l'AOP : pour 4.300 tonnes de camemberts fabriqués chaque année sous l'AOP (mention « camembert de Normandie »), la production atteint 90.000 tonnes pour les produits industriels (mention « fabriqué en Normandie »), selon M. Mercier.
L'AOP regroupe 9 producteurs de fromages et 500 producteurs de lait.
« Nous n'avons rien contre les industriels mais leur pratique menace notre existence et il y a tromperie pour le consommateur », explique M. Mercier, en indiquant que la plainte devrait être déposée avant la fin de l'année.