« Selon les régions et les essences, la vitalité et la productivité des arbres seront affectées dans un futur proche ou plus lointain par les sécheresses plus fréquentes, longues et sévères. » Telle est la conclusion du travail de chercheurs de l'Inra, du CNRS et de plusieurs universités présenté lors d'un colloque jeudi 17 novembre 2011.
« Il n'a pas été démontré de manière systématique que les dépérissements étudiés pouvaient être attribués à la dérive climatique du siècle écoulé, précisent les chercheurs. Mais des pertes de croissance durable et des mortalités anormales sont historiquement observées après chaque épisode de sécheresse extrême. »
Les recherches montrent que le Sud et le Sud-Ouest seront touchés dès 2050, alors que la plupart des autres régions le seront dans un futur plus lointain (2100).
« Tous les modèles indiquent une extension vers le nord de l'aire abritant des espèces méditerranéennes (comme le chêne vert), et une régression du pin sylvestre dans sa limite sud. Pour le hêtre, en revanche, des divergences apparaissent entre les modèles d'impact, pour sa répartition et sa productivité. »
Mais « attention, préviennent les chercheurs, il existe encore de nombreuses incertitudes » quant à la régionalisation des aléas futurs et à la capacité des écosystèmes à s'adapter.
« Il y a une quinzaine d'années, des forestiers ont noté des effets significatifs du changement climatique, raconte Nathalie Breda, directrice de recherche à l'Inra. En 2004, nous avons étudié les impacts puis la vulnérabilité à partir de 2005. Désormais, nous lançons des programmes de recherche sur l'adaptation à ces changements. Pour l'instant donc, le travail a été réalisé sur les impacts et la vulnérabilité des espèces mais nous ne connaissons pas encore les actions à mener ni l'urgence de ces actions. »
« Le changement climatique est une contrainte supplémentaire pour le gestionnaire qui doit en tenir compte dans sa planification, précise Jean-Luc Peyron, directeur du groupement d'intérêt public Ecofor (1). Au vu des connaissances actuelles, il faut envisager toutes les solutions et ouvrir le champ des possibles pour ne pas tous se tromper en même temps. La France a une chance, c'est d'être diversifiée avec une vingtaine d'essences et plusieurs zones de production. Il faut garder un maximum de cette diversité. »
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(1) Le rôle est de promouvoir, animer et valoriser des programmes de recherches et expertises sur les forêts tempérées et tropicales