« L'accaparement des terres par les fonds de pension et les institutions financières doit cesser », plaide un collectif d'organisations non gouvernementales (ONG), dont la Confédération paysanne, dans un appel lancé mardi.
« Sous la pression des prix alimentaires croissants, de la demande accrue en agrocarburants, en matériaux bruts et en bétail nourri au grain, ainsi qu'en raison de la faible profitabilité des marchés financiers en déroute, le nombre d'entreprises, de gouvernements et d'institutions financières privées et publiques qui s'engagent dans l'accaparement massif des terres dans les pays du Sud est en forte croissance, menaçant ainsi les moyens de subsistance et la souveraineté alimentaire de très nombreuses communautés », affirme le collectif d'ONG (1) dans un communiqué du 26 juin.
« Au cours de ces dernières années, des millions d'hectares de terres ont été loués ou achetés, principalement pour produire des aliments ou du carburant destinés au marché international. En conséquence, les paysan-ne-s [...] sont dépossédé-e-s des moyens dont ils et elles ont besoin pour se nourrir et pour nourrir leurs communautés, que ce soit à la suite d'une promesse d'embauche, ou même parfois sous la menace d'un fusil. L'accaparement des terres entraîne également des changements dans l'utilisation des sols et de l'eau, entraînant alors des destructions écologiques et une augmentation des émissions liées aux changements climatiques. »
« Les fonds d'investissement, l'industrie agricole et les fonds souverains "investissent" de plus en plus dans les terres, pour diversifier leur portefeuille de placements (dans un contexte de risque accru sur les marchés) ainsi que pour profiter du prix croissant des terres et des marchandises. L'accaparement des terres est aussi financé indirectement lorsque des banques offrent des facilités de crédit aux entreprises impliquées ou lorsque des fonds spéculatifs ou des sociétés de capital-investissement achètent des parts de sociétés étrangères qui contrôlent des terres. Même les gouvernements sont impliqués, par l'intermédiaire des institutions financières de développement à but lucratif qu'ils contrôlent. »
Les ONG signataires s'adressent à ces fonds financiers, publics ou privés, afin qu'ils :
- « cessent toute spéculation sur les terres et tout autre investissement dommageable pour la chaîne alimentaire globale » ;
- « publient tous les renseignements concernant le financement direct ou indirect des acquisitions de terres » ;
- « soient soumis à une évaluation préalable, obligatoire et indépendante des effets possibles des investissements et produits sur les droits d'utilisation de la terre, les moyens d'existence, l'environnement ainsi que l'application progressive du droit à une alimentation suffisante ».
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(1) Plusieurs dizaines d'ONG ont signé cet appel, dont, pour la France : Les Amis de la Terre, Attac, Le Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde, la Confédération paysanne, Oxfam, Peuples Solidaires (en association avec ActionAid), Solidarité.