Le pape François a dénoncé jeudi l'accaparement des terres dans les pays pauvres par les entreprises multinationales et d'autres Etats, recommandant fortement le soutien à l'agriculture vivrière familiale, dans un discours prononcé en recevant une délégation de la FAO.
« L'accaparement des terres cultivables par des entreprises transnationales et des Etats préoccupe toujours davantage. Non seulement il prive les agriculteurs d'un bien essentiel, mais atteint directement la souveraineté des Etats. Dans de nombreuses régions, les produits alimentaires partent à l'étranger et la population locale s'appauvrit doublement parce qu'elle n'a ni aliments ni terres », a-t-il dit.
François faisait allusion à une situation particulièrement fréquente en Afrique, où des pays comme la Chine exploitent de vastes régions pour en exporter les denrées alimentaires sur leur propre marché.
La FAO doit « renforcer les projets en faveur des entreprises familiales et stimuler les Etats à réguler de manière juste l'usage et la propriété de la terre », a-t-il dit, dénonçant le fait que « dans de nombreux pays, les femmes ne puissent posséder les terres qu'elles exploitent ».
Une encyclique très attendue sur l'écologie humaine
« Dans le Sud, a-t-il observé, la production locale est substituée par des denrées provenant de l'étranger, même grâce à des aides. Les aides d'urgence ne suffisent pas et ne finissent pas toujours dans de bonnes mains. Ainsi se crée une dépendance à l'égard des grands producteurs. »
Dans des registres qui annoncent son encyclique très attendue sur l'écologie humaine « Laudato si », qui sera publiée le 18 juin 2015 et aura des accents à la fois éthiques et sociaux, le pape argentin a évoqué « l'éducation à une alimentation correcte », le gâchis alimentaire qui concerne « un tiers des aliments produits », et « l'usage non alimentaire de produits agricoles, pour l'alimentation animale et la production de biocarburants ».
Un engagement majeur de la communauté internationale est nécessaire, selon François, pour « modifier les styles de vie ». « La sobriété ne s'oppose pas au développement, elle est devenue sa condition ».
Le pape recevait au Vatican les participants à la 39e session de la Conférence de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui se tient actuellement à Rome.