Avec la volatilité croissante des prix, nombre d’agriculteurs hésitent à s’engager dans la contractualisation, notamment dans des contrats de multiplication de semences. Cette question était au cœur du débat organisé par la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams), lors de son assemblée générale, jeudi 8 juin, à Reims.
Avec la montée des cours des matières premières, «il est normal que la valeur remonte dans la filière et ne soit pas essentiellement captée par la grande distribution, a soutenu Denis Petit, directeur des achats de matières premières des établissements Soufflet. Il faut travailler en filière pour gérer les prix en se projetant à quatre-cinq ans afin que chaque maillon ait le retour juste de son travail».
«C’est très important, a poursuivi Laurent Jubert, directeur général de Champagne Céréales. Il y a deux ans, personne ne gagnait sa vie avec de l’orge ou du malt. Les malteurs dont les clients finaux sont la grande distribution avaient pris leurs habitudes pour discuter les prix. Ils ont complètement viré leur cuti, car leur problème c’est de s’approvisionner sur quatre-cinq ans. Il ne faut pas abuser de cette situation pour qu’elle perdure».
«Plus il y a de volatilité, plus c’est difficile de contractualiser, a reconnu Jean-Pierre Cochet, directeur général de Cohésis. Il faut réfléchir à une contractualisation pluriannuelle avec une valeur ajoutée à la clé. »
«Raisonnons sur le moyen et long terme. Ne perdons pas la tête parce que le prix du blé s’envole, car demain il peut revenir à 90 €/t», a renchéri Christian Rousseau, président de Nouricia. Celui-ci souhaite que la volatilité des prix ne bouleverse pas les assolements pour des raisons agronomiques, mais aussi afin de pérenniser les filières comme celles des biocarburants ou de la multiplication de semences. «Si on me propose un contrat pluriannuel qui satisfait mes besoins de marges, je dirai oui, a affirmé cet agriculteur. D’autant que des revenus écrêtés sont plus favorables d’un point de vue fiscal».
«Nous avons tous besoin de contrats longue durée, d’un lissage, a confirmé Daniel Segonds, président du directoire du semencier RAGT. Si nous achetons de l’orge de printemps à 180 €/t et que le marché retombe à 130 €/t, nos semences seront invendables. Nous n’y résisterons pas. En semences fourragères, les négociations sur les prix s’orientent vers la fixation d’indicateurs, mais qui n’intègrent pas seulement le Matif».