La Commission européenne proposera la semaine prochaine aux Etats membres la possibilité d'imposer la mention de l'origine de la viande dans l'étiquetage des plats préparés, a assuré mercredi à l'AFP une source proche du dossier.
L'exécutif bruxellois présentera la semaine prochaine un rapport dans lequel il soumet aux Etats et au Parlement européen trois options possibles en matière d'étiquetage des produits transformés à base de viande, a expliqué cette source sous couvert de l'anonymat.
La première option permet aux producteurs et aux distributeurs de produits transformés à base de viande de faire figurer de manière volontaire la provenance de la viande. Certains producteurs de congelés en France précisent déjà sur l'étiquette viande 100 % française.
La seconde option introduit une obligation de label sur la provenance de la viande, comme cela se fait pour le miel. L'étiquette préciserait ainsi les pourcentages de viande provenant de l'UE et venant de pays tiers.
La troisième option est l'obligation de faire figurer sur l'étiquette le pays d'où provient la viande.
Ce rapport a été réclamé à la Commission par les 28 Etats membres de l'UE à la suite du scandale provoqué par une fraude à l'étiquetage pour des lasagnes contenant de la viande de cheval commercialisée comme de la viande de bœuf.
En pointe sur ce dossier, la France a appelé l'Union européenne à œuvrer en faveur de la traçabilité et de la transparence sur l'origine des viandes. Mais plusieurs pays (Royaume-Uni, Allemagne, République tchèque, Danemark) ont émis des réserves sur l'efficacité d'une telle mesure.
Le commissaire en charge de la Santé, Tonio Borg, a rencontré mardi à Strasbourg l'eurodéputée conservatrice française Agnès Le Brun pour discuter de ce rapport. L'élue française s'est déclarée sceptique sur les véritables intentions du commissaire dans un communiqué publié à l'issue de cette rencontre.
« Dire que l'étiquetage va entraîner une hausse des prix, ce que d'ailleurs plusieurs associations de consommateurs contestent, est un argument qui permet surtout à la Commission de se défausser pour ne pas avancer dès maintenant de propositions législatives », a-t-elle accusé. En n'usant pas de ses prérogatives qui lui permettraient de fait de formuler une proposition législative pour avancer sur ce dossier, « le commissaire brouille les pistes aux yeux des consommateurs européens sur ses intentions d'agir en faveur de leur information, et sacrifie sur l'autel de l'orthodoxie libérale la transparence qui leur est due », a-t-elle déploré.
Mais, en l'occurrence, formuler une proposition législative dans ce rapport n'est pas ce qui a été demandé à la Commission, a expliqué à l'AFP Frédéric Vincent, porte-parole de M. Borg. « La Commission ne renonce à rien et ne décide rien. Ce rapport est une information sur la faisabilité de différentes options, destiné aux ministres des 28 Etats membres de l'UE et aux élus du Parlement européen, à qui il reviendra de décider », a insisté le porte-parole.