La Picardie est l’une des régions françaises où les sols sont les plus sensibles aux risques d’érosion par ruissellement. Un colloque organisé les 27 et 28 mars 2008 par l’Institut Lassalle à Beauvais (ex-Isab) a montré tout l’intérêt d’une mobilisation conjointe des collectivités et des agriculteurs pour lutter contre l’érosion.
«La préoccupation principale est d’essayer d’enrayer les ravines dans les champs et les coulées de boue sur les routes qui peuvent se produire juste après un orage, explique Emmanuel Du Tertre, conseiller à la chambre d’agriculture de la Somme. L’Inra a estimé qu’au nord du Bassin Parisien, l’érosion pouvait provoquer une perte de sol, de 15 à 20 t/ha/an».
Afin de réduire au minimum ces risques, les trois départements ont décidé, il y a une douzaine d’années, de prendre le problème de l’érosion, à bras le corps et aujourd’hui, leurs efforts portent leurs fruits.
Dans la Somme par exemple, l’association Soméa créée par le département et la chambre d’agriculture et animée par trois conseillers a déjà étudié une trentaine de bassins versants pour une surface totale de 71.000 ha.
Dix-neuf d’entre eux sur une surface de 28.000 ha ont déjà fait l’objet d’aménagements qui vont de la mise en place de bandes enherbées, de haies ou de diguettes, à la création de retenues d’eau, en passant par la gestion en commun des assolements à l’échelle d’un bassin versant.
Le coût de ces aménagements, de 150 à 170 €/ha en moyenne, a été financé par le département, l’Union européenne et les syndicats intercommunaux. Douze autres études sont en cours pour une surface de 43.000 ha.
Les autres départements ne sont pas forcément structurés de la même façon, mais ils ont eux aussi engagé des actions qui associent collectivités et agriculteurs.
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Crécy-en-Ponthieu (Somme), 12 CTE ou CAD signés «Les trois principaux facteurs qui favorisent l’érosion des sols picards sont leur teneur en limons, la nature du couvert végétal et la pente, remarque Olivier Ancelin, conseiller de Soméa, dans la Somme. Même si dans le bassin versant de Crécy-en-Ponthieu (2.000 ha), les pentes sont relativement faibles (2 à 5%), les sols limono-sableux sont très sensibles à l’érosion.» Pour y faire face, une étude a été réalisée en 2003-2004. Elle a débouché sur la signature avec les agriculteurs de 12 CTE ou CAD qui portaient essentiellement sur la mise en place de cultures intermédiaires, de jachères judicieusement placées et le binage des betteraves. En parallèle ont été créées 16 bandes enherbées avec ou sans diguettes, 10 haies de 3 km au total, des fossés en escalier ou à plat (total: 2 km) et 6 bassins hydrauliques pour un volume total de 3.000 m3. Coût total de l’opération: 120.000 €, financés à 40% par le conseil général, 40% par le Feoga et 20% par le syndicat intercommunal du Marquenterre. Depuis, la vallée est préservée des coulées de boue. |
