Répondant aux questions de La France Agricole, le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, explique la réforme de l'enseignement agricole :
La France agricole : Quelles sont les grandes orientations pour l'enseignement agricole ? Comment comptez-vous les inscrire dans un contexte de restriction budgétaire ?
Michel Barnier : Notre pays s'est engagé dans une profonde réforme pour la diminution des déficits publics. L'enseignement agricole doit contribuer à cet effort, en préservant les valeurs et la pédagogie qui font ses spécificités et qui expliquent ses bons résultats. Pour cela, j'ai besoin d'un schéma resserré qui définisse nos priorités pour les années 2009 à 2013, pour répondre aux besoins de notre agriculture et des territoires ruraux.
La première de ces priorités c'est la formation aux métiers de la production agricole et agroalimentaire. C'est aussi de poursuivre l'action d'insertion scolaire, culturelle et sociale que mène l'enseignement agricole avec ses classes d'enseignement général.
Le passage d'un bac pro de quatre à trois ans inquiète les professionnels. Envisagez-vous une application progressive de cette réforme ? Le Bepa sera-t-il maintenu ?
La réforme du baccalauréat professionnel, qui sera préparé en trois ans directement après la troisième, est une bonne réforme: elle permettra d'amener plus de jeunes au baccalauréat et de promouvoir la voie professionnelle. Pour la mettre en œuvre, j'ai souhaité que l'année 2008 soit consacrée à la réflexion et à la concertation, avec les enseignants et aussi avec les représentants des filières professionnelles. Ainsi, la spécificité de chaque champ professionnel sera prise en compte. Je peux d'ores et déjà vous annoncer que j'ai décidé de conserver le brevet d'enseignement professionnel agricole (BEPA).
En effet, ce diplôme représente un bon niveau de recrutement pour les entreprises de notre secteur et il permet d'éviter les sorties sans qualification. Nous mènerons donc cette réforme à notre rythme, pour proposer, à partir de la rentrée 2009, des secondes professionnelles adaptées aux attentes des élèves.
Dans ce contexte de restriction budgétaire, des classes, voire des établissements, vont fermer. Comment garantir alors la proximité de l'offre éducative en milieu rural ?
La réussite de l'enseignement agricole est bien entendu liée à sa présence sur tout le territoire national, dans les zones rurales mais aussi à la périphérie de grandes agglomérations. Nos établissements ont presque toujours un internat (nous avons 60% d'élèves internes). Cela permet d'accueillir les jeunes intéressés par une formation qui n'est pas offerte à proximité de leur lieu d'habitation, tout en ayant des établissements d'enseignement spécialisés dans un ou plusieurs types de filières, gage d'excellence des formations. L'internat est aussi un lieu d'éducation, de socialisation, qui participe à la réussite des jeunes dans l'enseignement agricole.
Je ne souhaite aucune fermeture de sites. Je veux par contre améliorer le travail en réseau des établissements, notamment en regroupant plusieurs lycées en une même entité administrative, comme cela se fait déjà aujourd'hui avec les établissements publics d'enseignement départementaux, qui gèrent plusieurs implantations et qui ont fait leurs preuves.