L'embargo imposé aux produits agroalimentaires européens depuis un an épargne les produits de luxe comme le caviar et, pendant les sanctions, le commerce continue, a confirmé jeudi le premier producteur mondial, l'italien Agroittica.
Alors que les tracteurs russes ont provoqué une vive polémique en Russie en écrasant devant les caméras des tonnes de pêches et de tomates sans certificat d'origine, des centaines de fromages letton ou de la viande polonaise, Agroittica a continué à vendre ses précieuses boites de grains noirs « de la meilleure qualité », a indiqué à l'AFP le directeur des ventes, Stefano Bottoli. « Nous avons vendu 4 tonnes de caviar en Russie en 2014 et nous espérons bien augmenter nos ventes cette année à 5 tonnes », confie-t-il à l'AFP.
« La Russie est traditionnellement notre premier marché à l'exportation. L'hiver dernier, nos ventes ont très légèrement baissé en raison de l'effondrement du rouble. Mais c'était une question de pouvoir d'achat », insiste-t-il. « Pas de sanction ».
Huile, vin et alcool exemptés
Outre le caviar, d'autres produits considérés comme « de luxe » sont exemptés par les sanctions : c'est le cas notamment de l'huile, du « prosciutto » - le jambon cru italien- et des vins et alcools. « Les Russes aiment les caviars très forts ou très délicats, nous leur vendons surtout le plus délicat, le caviar d'esturgeon blanc qui représente la meilleure qualité et les prix les plus élevés », commercialisées dans les restaurants et les épiceries fines », précise-t-il. « En revanche, nous ne leur vendons plus de poissons comme l'esturgeon fumé, ou le saumon », soumis à l'embargo, reprend M. Bottoli.
L'embargo russe a été décrété début août 2014 en riposte aux sanctions adoptées par les Occidentaux pour punir la Russie de son attitude en Ukraine. Mais après l'écrasement de tonnes de nourriture gâchées en public, une pétition en ligne signée par plus de 280.000 personnes a réclamé que les produits saisis soient offerts aux déshérités ou « aux anciens combattants ».
Fondée en 1978 à Calvisano, capitale du rugby italien au nord de Milan, choisie pour ses sources naturelles, la société Agroittica Lombarda produit 25 à 30 tonnes de caviar par an, ce qui en fait le premier producteur mondial (20% environ du total). Depuis 1998, la Convention de Washington sur les espèces menacées (CITES) impose des quotas draconiens pour sauver l'esturgeon sauvage de la Mer Caspienne, obligeant les amateurs à se tourner vers le caviar issu de l'élevage.