La Confédération paysanne a diffusé jeudi une lettre ouverte de Laurent Pinatel, son porte-parole, adressée à Xavier Beulin, le président de la FNSEA. Trois jours avant la manifestation organisée à Paris par le syndicat majoritaire, il dénonce le « double discours » de Xavier Beulin concernant l'élevage.
« Face à ton personnage fabriqué de défenseur de l'élevage, nous continuerons de défendre tous les éleveurs, en portant des revendications qui leur donnent un avenir à tous », insiste Laurent Pinatel, avant de souhaiter « un bon dimanche » au leader de la FNSEA.
La Confédération paysanne attaque le patron de la FNSEA sur un ton ironique. « Tu as donc décidé de venir passer un dimanche à Paris, dans les quartiers chics, pour parler d'élevage, écrit Laurent Pinatel. Puisque nous sommes allés dans les quartiers populaires avec la Ferme à Paris, il fallait bien équilibrer la balance. Nous avons pourtant de la difficulté à saisir ton intention. »
Le porte-parole fraîchement élu de la Confédération soulève ensuite plusieurs points sur lesquels il estime que les discours et les actes de la FNSEA se contredisent. « Tu nous dis, par exemple, qu'il faut immédiatement revaloriser les prix du lait et de la viande. Nous sommes d'accord avec toi ! Mais dans les faits, quand les représentants de ton syndicat se retrouvent dans les conseils d'administration des coopératives, ils refusent soudain de prendre en compte les coûts de production, sous prétexte de conquête des marchés mondiaux. »
La Confédération paysanne met en avant d'autres dossiers, et en particulier la réforme de la Pac. Elle reproche à la FNSEA de s'opposer au rééquilibrage des aides en faveur de l'élevage, et de refuser le « plafonnement des aides à 300.000 € proposés par la Commission, ainsi que la surprime aux premiers hectares. Ils sont pourtant nécessaires, avec le couplage maximal des aides sur les troupeaux ruminants, pour mettre fin à une rente de situation intolérable des grandes exploitations. De la même manière, tu veux ponctionner le second pilier pour alimenter le premier alors qu'il faut faire l'inverse ! Le second pilier est indispensable pour soutenir l'élevage dans les zones difficiles. »
Et pour enfoncer le clou, Laurent Pinatel rebondit sur le slogan choisi par la FNSEA pour défendre l'élevage : l'élevage est un métier, pas un jeu ! « Tu dis que "ce n'est pas un jeu", eh bien on ne joue pas, justement, insiste le porte-parole de la Confédération paysanne. Tu dis vouloir faire de l'élevage une cause nationale, mais tu défends un modèle qui élimine les éleveurs. »