Le compromis intervenu vendredi à l'Assemblée nationale sur la question de la taille des élevages porcins est un « véritable coup de poignard à la politique de préservation » de la qualité de l'eau, a réagi l'association Eau et Rivières de Bretagne. De son côté, France Nature Environnement (FNE) se déclare « sceptique » et demande à la commission mixte paritaire de préciser les choses.
Le gouvernement et les députés de l'UMP sont parvenus à un compromis, vendredi, et ont décidé de ne pas relever le seuil d'autorisation prévu par la réglementation sur les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Le gouvernement a proposé de publier d'ici au 31 décembre 2010 un décret qui précisera les règles applicables aux regroupements d'élevage.
« La majorité parlementaire n'a pas pris ses responsabilités. Le texte adopté laisse entrevoir des possibilités d'extension d'élevage dans les zones vulnérables, déjà sinistrées par une concentration de nitrates à plus de 50 mg/l par litre et par les algues vertes. Et en dehors des zones vulnérables, les élevages pourraient s'implanter sans évaluation environnementale ni consultation du public », affirme Bruno Genty, président de FNE, cité dans un communiqué.
« La commission mixte doit répondre à ces interrogations, en précisant clairement que les regroupements bénéficiant d'une procédure simplifiée ne doivent pas conduire à une augmentation du cheptel et qu'ils doivent donner lieu à une évaluation environnementale. Ces clarifications sont indispensables », ajoute-t-il.
Pour le président d'Eau et Rivières de Bretagne, Jo Hervé, le compromis trouvé vendredi « bafoue les récents avis très critiques de la Cour des comptes et du Conseil d'Etat sur l'inefficacité de la lutte contre les pollutions agricoles ».
« Plus on dépense d'argent public pour faire face aux dégâts environnementaux de l'agriculture productiviste, plus les pouvoirs publics démolissent les dispositifs de prévention et de régulation des pollutions agricoles », a déploré le porte-parole de l'association, Jean-François Piquot.
« Alors que les algues vertes sont à nouveau présentes sur certaines plages, cette disposition législative rendra encore plus difficile la lutte contre les pollutions par les nitrates agricoles et les marées vertes. Personne ne s'étonnera de voir s'aggraver le fossé entre la société et l'élevage productiviste », poursuit Eau et Rivières dans un communiqué.
Au moment où « tous les acteurs bretons participent, à l'invitation du préfet de Région, à une large concertation (...), ce recul organisé de la réglementation environnementale ne restera pas sans conséquences. La confiance est rompue », conclut l'association.
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