Déjà malmenées par la crise, les principales productions agricoles de la Bretagne subissent de plein fouet des distorsions de concurrence intra-européennes.
Chaque jour, les producteurs bretons se battent pour rester compétitifs. Au niveau des exploitations, tous les leviers sont actionnés pour améliorer les résultats techniques. Par contre, les éleveurs sont impuissants contre les distorsions de concurrence.
Exemple en porc. «Des abattoirs allemands tournent avec 80% de leurs salariés des pays de l’Est. Du personnel rémunéré de 700 à 800 euros par mois. Le gain de compétitivité est de 5 € par porc», explique Michel Bloc’h, président de l’UGPVB (Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne).
Pendant que la production a doublé en Allemagne au cours des dix dernières années, elle est restée stable en Bretagne. «Dans ces conditions comment trouver des alliés pour demander des restitutions?», poursuit-il.
Main-d’œuvre à bas prix, dévaluations monétaires, distorsions environnementales dans l’utilisation des produits phyto… le problème est récurrent en production légumière.
Toutes ces distorsions contribuent à asphyxier l’économie agricole régionale. Celle-ci «a perdu 600 millions d’euros. Les trésoreries sont tendues dans les exploitations», constate Georges Galardon, vice-président de Coop de France Ouest.
En revanche, l’industrie agroalimentaire (IAA) semble beaucoup mieux résister à la crise. La consommation a baissé mais n’a pas remis en cause les emplois (68.000 CDI) dans ce secteur. Seuls ceux en intérim ont souffert (-6% contre -26% tous secteurs d’activités confondus). En Bretagne, les IAA ont ainsi permis d’amortir le choc de la crise.
«La Bretagne ne peut pas avoir une industrie agroalimentaire forte et des agriculteurs à la peine, affirme Jacques Jaouen, président de la chambre régionale d’agriculture. A force de s’approvisionner à l’extérieur, on tue la production chez nous.»
La profession agricole en appelle aux citoyens, aux élus trop frileux à son goût. L’idée d’un porc français tracé ou d’un lait français est avancée. «Nous devons identifier nos produits en trouvant un cahier des charges avec la grande distribution qui mette en avant la qualité sociale, environnementale dans le respect de la réglementation», ajoute Jacques Jaouen.