Plus de 400 personnes, éleveurs victimes de la dioxine soutenus par toute la filière et les élus, ont bloqué, le 17 octobre, le centre de la ville de Redon (Ille-et-Vilaine) avec une centaine de tracteurs avant de se regrouper devant la sous-préfecture. Ils entendaient dénoncer l’immobilisme de l’Etat alors que depuis plusieurs mois ils ne vendent plus normalement leur production.
L’affaire a débuté en août avec la découverte de taux de dioxine supérieurs à la norme (3 picogrammes par gramme de matières grasses) dans le lait à la suite d’autocontrôles dans deux laiteries. Très vite, les soupçons se sont portés sur le fourrage, le maïs ensilage récolté en 2006. Un arrêté préfectoral a interdit la consommation de fourrage de 2006. Il est resté en stock dans les exploitations.
Une enquête est en cours pour déterminer l’origine de la pollution. La Drire (direction régionale de l’industrie de la recherche et de l’environnement) s’intéresse à l’incendie d’une usine de polystyrène intervenue en 2006 dans la zone contaminée mais sans certitudes à ce jour.
Au total, ce sont 90 exploitations laitières et 60 élevages de bovins viande qui sont concernées sur 15 communes et 3 départements (Ille-et-Vilaine, Morbihan, Loire-Atlantique).
Depuis cette date, et en l’absence de tests sur les animaux vivants, les bêtes, notamment les taurillons et les veaux, n’ont pas pu être commercialisés. Il y aurait plus de 1.500 animaux bloqués dans les fermes qu’il faut nourrir.
Le lait, lui, a continué à être collecté par les laiteries mais il a suivi une filière spécifique (destruction des matières grasses sur lesquelles se fixe la dioxine). Progressivement, il est revenu à la norme, les élevages ne consommant plus de fourrage contaminé.
L’Etat a promis 1,5 million d’euros d’indemnisation. Une somme qui va parer à l’urgence. Mais une somme bien insuffisante par rapport au préjudice estimé à 5,2 millions d’euros: 4,4 millions pour le lait et la viande et 800.000 euros pour les fourrages. Pour l’instant, le lait a été payé par les laiteries en avance de trésorerie.
«Nous réclamons l’indemnisation de 100% du préjudice subi», tempête Loïc Bauthamy, président de l’association de défense des éleveurs victimes des dioxines. «Le principe de précaution a fonctionné. Le consommateur a été protégé, affirme-t-il. Le ministre de l’Agriculture doit respecter les engagements pris au Space de venir en aide aux éleveurs qui sont les victimes. Les pouvoirs publics doivent tout mettre en œuvre pour retrouver le responsable de la pollution.»
Une réunion est prévue pour la mise en place d’un protocole d’analyses sur les animaux vivants afin de débloquer la situation sur les exploitations.