Légumes « moches », yaourts à date limite, etc. : des aliments promis aux déchets peuvent être offerts ou vendus en ligne à prix réduits au profit d'associations grâce à une plateforme européenne qui entend réduire le gaspillage alimentaire.
Foodwe.fr, initiative lancée à l'origine en Belgique, démarre vendredi 10 avril en trois langues chez ses voisins, en France, Pays-Bas, Angleterre, Irlande et Ecosse et propose aux producteurs et distributeurs d'effectuer des dons alimentaires ou des ventes à 60 % maximum du prix public, au profit d'organismes caritatifs.
Il s'agit, explique Foodwe (pour Food Waste Evasion, « éviter le gaspillage alimentaire »), « d'aliments consommables mais ne rencontrant pas ou plus la demande » qui seront ainsi valorisés et non plus jetés, alors que 89 millions de tonnes d'aliments sont perdus chaque année dans l'Union européenne.
« L'ambition est de parvenir à réduire ce gaspillage d'un million de tonnes dans l'UE », indique à l'AFP l'initiateur du projet, Olivier Neufkens, entrepreneur belge de 45 ans. L'entreprise a convaincu quelque 150 partenaires, dont une vingtaine de producteurs en Belgique, où elle a été lancée en deux temps depuis septembre dernier, en français et en flamand.
Assurer la logistique
Olivier Neufkens cite « un producteur de poulets bio qui jetait entre 150 et 250 kilos d'ailes de poulet, faute de demande. Maintenant, il valorise ses produits en les vendant à moitié prix ». Le producteur livre gratuitement les associations lors de ses parcours de livraison. « Mais nous avons aussi un importateur de chocolat », poursuit-il.
Chaque professionnel décide du prix de vente et d'intégrer ou non la livraison. Il peut s'agir d'industriels de l'agroalimentaire qui connaissent jusqu'à 50 % de pertes pour non-conformité, comme de producteurs de produits de fruits et légumes (jusqu'à 30 % de pertes) ou de produits laitiers (20 % de pertes dans le camembert, assure M. Neufkens). Qu'ils assurent la livraison lors de leurs tournées est un énorme avantage pour les banques alimentaires ou autres Restos du Cœur qui éprouvent souvent des difficultés de transports, surtout pour les produits frais comme la viande, ajoute-t-il.
Lancé par un groupe d'amis, Foodwe garde un statut d'association sans but lucratif et repose sur le financement des particuliers (via la plateforme participative KissKissBankBank notamment). « Notre logique est de trouver les acteurs locaux et de jouer les facilitateurs » anti-gaspi, résume Olivier Neufkens, qui espère s'étendre à d'autres langues et d'autres pays.