« Des mesures urgentes s'imposent pour améliorer la santé des ressources en sols de la planète, qui sont limitées, et arrêter leur dégradation afin que les générations futures puissent répondre à leurs besoins en nourriture, en eau, en énergie et en matières premières », met en garde le Partenariat mondial sur les sols (GSP) à la FAO (1).
A l'occasion de son assemblée plénière à Rome, le 24 juillet 2014, le GSP a approuvé une série de plans d'action visant à sauvegarder les ressources en sols. Au nombre des recommandations figurent la mise en œuvre de réglementations rigoureuses et d'investissements correspondants des gouvernements en vue de la gestion durable des sols qui contribuera à l'éradication de la faim, de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté.
« Le sol est la base même de l'alimentation humaine et animale, de la production d'énergie et de fibres », déclare Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de la FAO, dans un communiqué. « Sans les sols, aucune vie sur terre n'est possible, et lorsque des sols disparaissent, ils ne peuvent se renouveler à notre échelle de temps. L'accélération du rythme actuel de dégradation des sols menace la capacité des générations futures de satisfaire leurs besoins fondamentaux ».
33 % des sols sont dégradés
A l'échelle mondiale, la superficie de sols productifs est limitée et subit la pression croissante des conflits d'utilisation (agriculture, foresterie et pâturages/parcours, urbanisation, production énergétique et extraction de minéraux), ont averti les experts à la réunion du Partenariat.
Selon la FAO, environ 33 % des sols sont modérément ou fortement dégradés par l'érosion, l'épuisement des substances nutritives, l'acidification, la salinisation, le compactage et la pollution chimique. Les dégâts qui en résultent se répercutent sur les moyens d'existence, la sécurité alimentaire et le bien-être des populations.
En Afrique, environ 30 % des sols sont potentiellement adaptés à l'agriculture. Cependant, ils sont déjà touchés par l'érosion et l'épuisement des nutriments. La Somalie ne compte que 1,8 % de terres arables. Pourtant les pertes annuelles en sols dues à l'érosion peuvent atteindre, dans certaines zones, plus de 140 tonnes/ha/an. En Amérique latine, les sols naturels potentiellement adaptés à l'agriculture intensive n'occupent que 25 % du continent, estime la FAO.
Depuis le XIXe siècle, 60 % du carbone stocké dans les sols et la végétation a disparu sous l'effet des changements d'affectation des terres (défrichage au profit de l'agriculture et de l'urbanisation).
Le premier mètre de sols argileux à faible activité (soit la majorité des sols de montagne sous les tropiques humides et subhumides) renferme environ 185 gigatonnes de carbone – c'est-à-dire le double du carbone stocké dans la végétation de toute l'Amazonie. Du fait de la gestion non viable des terres, ce carbone pourrait être relâché dans l'atmosphère, aggravant le réchauffement de la planète lié à la combustion des combustibles fossiles. Le rejet, ne serait-ce que de 0,1 % du carbone contenu aujourd'hui dans les sols de l'Europe, équivaudrait à des émissions annuelles de 100 millions d'automobiles, souligne encore la FAO.
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(1) Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
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Et quand la FAO s'y met à son tour
mercredi 30 juillet 2014 - 07h36
On l'avait bien dit que l'agriculture intensive en Afrique conduirait à la dégradation des sols..