Réduire les traitements phytosanitaires de moitié en dix ans, c'est l'objectif du programme Ecophyto 2018, prévu par le Grenelle de l'environnement. Les agriculteurs du GDA de Loches-Montrésor, une zone de gâtines de la Touraine, n'ont pas attendu cette échéance pour passer à l'acte.
Depuis 2007, 150 d'entre eux ont engagé 10.000 ha dans des mesures agrienvironnementales (MAE) destinées à préserver la qualité de l'eau dans les bassins versants de l'Indre et de l'Indrois.
Les deux tiers de cette surface concernent la MAE « grandes cultures-réduction des phytosanitaires hors herbicides » et un tiers la MAE « reconversion des terres labourables en prairies », dans le cadre d'un contrat de bassin.
La MAE « grandes cultures » a fixé un objectif d'IFT (indice de fréquence de traitement : nombre de doses homologuées appliquées en moyenne par hectare par campagne) moyen hors herbicides de 2 en 2010, correspondant à une baisse de 50 % par rapport aux résultats des diagnostics effectués en 2006.
Dès 2009, l'IFT affichait un excellent score, à 1,8, et un résultat similaire est attendu pour 2010. « Ce projet précurseur a été mis en place dans la continuité des CTE et des CAD, avant les textes sur les réductions de traitements », souligne Franck Paineau, animateur du GDA de Loches-Montrésor.
Ce GDA de 190 adhérents œuvre depuis longtemps à la réduction des intrants. Pour beaucoup, il était logique de s'engager dans le cahier des charges de la MAE. C'est le cas de Jean-Pierre Raguin, qui exploite en Gaec 334 ha de grandes cultures à Loches.
Lors de son engagement en 2007, l'exploitation présentait déjà un IFT de 2,4 hors herbicides (1,87 aujourd'hui). L'agriculteur utilise des variétés résistantes, privilégie les observations au champ avant de traiter et travaille sur l'assolement.
« Je mets moins de parcelles en colza, gourmandes en IFT, et j'essaie de développer le tournesol et le millet », précise-t-il. Chez lui ou chez d'autres producteurs, les baisses de rendement sont inférieures à 5 q/ha. Mais ils n'ont pas eu à subir de gros aléas.
Ces modifications de pratiques, aidées à hauteur de 97 €/ha, ont permis une nette réduction des molécules hors herbicides retrouvées dans les analyses d'eau des rivières. Mais ce sont bien les résidus de désherbants qui posent un problème.
Pour réduire les traitements, des essais de désherbinage de colza et de désherbage à la herse-étrille ont été réalisés, sans succès. Les solutions passent par l'implantation de cultures de printemps et les semis tardifs.
Baisse des crédits Après quatre années de souscription possible de MAE sur les bassins versants Indre-Indrois (2007 à 2010), l'Etat et l'agence de l'eau Loire-Bretagne arrêtent le financement à une si large échelle. Pour l'heure, une étude est menée sur le bassin versant de l'Indre par la communauté de communes Loches développement. Ensuite, l'agence de l'eau pourrait concentrer ses aides sur les sous-bassins le plus à risque et viser également l'objectif de réduction des herbicides. |