Malgré les soubresauts du climat, la plaine présente cette année un bon état général. A part dans le Rhône-Alpes, où l'irrigation a été déclenchée lundi dernier, les pluies de mars ont été dans l'ensemble bénéfiques aux cultures. Mais ces conditions climatiques ont aussi retardé les travaux, notamment dans le nord de l'Hexagone. Bon nombre d'interventions (herbicides et régulateurs) ont été étalées et sont en train de se terminer.
Quelques interrogations subsistent quant à l'efficacité de herbicides – souvent mélangés à d'autres produits – car les adventices sont bien développées et les conditions climatiques pas toujours optimales. Certains blés peuvent alors être marqués par ces mélanges.
Les blés sont en moyenne entre 2 et 3 noeuds dans le Sud et avoisinent plutôt les stades "épi 1 cm" à "1 noeud" ailleurs. Il est donc temps de surveiller la présence de maladies. Jusqu'à présent, la pression en piétin verse était modérée à moyenne mais il faut regarder de près ses parcelles pour déclencher éventuellement un traitement vers 1 noeud. En Bourgogne, des attaques de rhizoctone ont été observées.
L'inoculum de septoriose semble, pour sa part, important sur les feuilles basses. Il faudra donc être vigilant quand les températures augmenteront, le traitement s'effectuant autour du stade "2 noeuds". L'oïdium n'est pour l'instant que rarement observé.
Rouille jaune très précoce
Mais le fait marquant de l'année reste très certainement la présence de rouille jaune si tôt en végétation, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Champagne-Ardenne, en Picardie, et même en Normandie sur des variétés sensibles (Toisondor, Hysun...). «Habituellement, cette maladie fait plutôt parler d'elle au cours de la montaison», indique un conseiller de la chambre d'agriculture du Nord. Les premiers traitements ont donc déjà débuté.
Du côté des ravageurs, en Bretagne, une recrudescence des attaques de taupins a été remarquée avec des destructions entre la mi-février et la mi-mars.
Des symptômes caractéristiques de pieds chétifs ont été observés en Champagne-Ardenne, Picardie et Bourgogne, parfois même malgré deux traitements. Mais même si ces dégâts sont impressionnants, l'impact est limité dans la majorité des situations. Les dégâts dus à la jaunisse nanisante de l'orge (JNO) sur le blé et l'orge ont été moins marqués cette année.
Les orges d'hiver sont en moyenne au stade "2 noeuds" dans le sud de la France et entre "épi 1 cm" et "1 noeud" dans les régions plus septentrionales.
Un peu partout, il est possible d'observer des foyers de rhynchosporiose, d'helminthosporiose, de rouille naine et même d'oïdium. Les premiers traitements ont parfois débuté la semaine dernière . Quant aux désherbages, ils n'ont pas toujours pu être effectués dans les temps.
Dans les champs, des traces de mosaïque apparaissent, un peu plus marquées que les années précédentes, comme en Midi-Pyrénées ou en Champagne-Ardenne.
Risque sclérotinia élevé
Avec les températures basses et parfois même la neige du week-end dernier, beaucoup sont inquiets quant au sort des colzas. Le Cetiom rappelle que la plante tolère des températures négatives. Même si en fleurs, il est possible d'observer un avortement au-dessous de 0°C, le colza compensera par les floraisons à venir. Par ailleurs, les jeunes siliques supportent des températures légèrement négatives. Des casses de tiges ont tout de même été observées en Picardie à cause de la neige.
En Aquitaine, Midi-Pyrénées, dans le Lauragais, le Poitou-Charentes et dans les Pays de la Loire, les colzas sont en cours de floraison. Certains sont même au stade G1 (chute des premiers pétales et apparition des premières siliques). Les traitements contre le sclérotinia se précisent donc. Plus au Nord et à l'Est, où la floraison débute seulement, il est encore trop tôt pour envisager un quelconque traitement contre le sclérotinia. Mais malgré le froid, les premières apothécies (organe reproducteur des champignons) semblent déjà présentes.
Il n'est plus nécessaire de surveiller les charançons de la tige dans les cuvettes car la période critique est passée. Assez présents, ils ont nécessité par endroit des traitements. Avec une forte présence en Champagne-Ardenne, il est toutefois possible d'observer quelques dégâts (perforation de la tige). «Il aurait presque fallu deux traitements», indique Christian Savary, chez Soufflet.
Compte tenu du climat assez froid et du vent, l'activité des méligèthes a en général été assez modérée. Les traitements ont donc été plutôt limités sauf dans les Pays de la Loire où l'insecte était très présent (recolonisation) et où l'efficacité des traitements a parfois été limitée. Même si il n'y a pas grand-chose à craindre cette année, avec le retour probable d'un temps plus clément, les colzas les moins avancés, pourront peut être nécessiter un traitement tant que la floraison ne sera pas bien engagée.
Selon l' Union nationale des plantes riches en protéines (Unip), les féveroles et pois d’hiver sont proches du début de la floraison dans le Sud et à seulement 6-8 feuilles dans le Nord et l’Est; les pois de printemps semés en décembre dans le Sud et en Poitou-Charentes présentent de 10 à 12 feuilles. Les gelées récentes ont pu provoquer quelques gels d’apex qui ne devraient pas avoir de grandes conséquences. L’état sanitaire est dans l’ensemble satisfaisant mais il faut rester vigilant par rapport à l’anthracnose qui commence à se développer sur les pois d’hiver.
Les semis en attente des beaux jours
Les orges de printemps ont été en grandes parties semées dans d'excellentes conditions en février. Avec de bonnes levées, elles sont actuellement en moyenne au stade "début du tallage". Toutefois, dans certaines terres limoneuses et battantes non ressuyées de la Picardie et parfois en Champagne-Ardenne, des implantations ne sont pas terminées et la reprise est difficile.
«Il faudrait semer dans les huit à dix jours qui viennent», signale un conseiller de la chambre d'agriculture de l'Oise. Il est aussi à déplorer ponctuellement des inondations comme en vallée de la Seine et de la Marne. Les limaces ont été très présentes notamment en Lorraine, en Champagne-Ardenne et en Bourgogne: certaines parcelles ont parfois du être ressemées. En Normandie, certaines parcelles ont été touchées par la mouche du semis causant jusqu'à 30% de perte de pieds. En fonction des conditions climatiques, les premiers herbicides sont en cours ou vont pouvoir débuter sous peu.
Compte tenu du froid, le début des semis est encore anecdotique en tournesol comme en maïs dans les régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Aquitaine et Poitou-Charentes. Il faudra attendre que les sols se réchauffent pour semer mais il n'y a pas encore d'urgence. Ailleurs, rien ne presse non plus.
Alors qu’en Auvergne et dans une moindre mesure dans le Centre, les semis de betteraves sont bien entamés, plus au nord on attend encore que les terres ressuient.
Les surfaces de pois de printemps sont toujours en régression. La plupart des semis ont été effectués en février ou en mars et, excepté dans les terres battantes, les pois sont beaux. Les thrips ont ça et là fait parler d’eux et ont parfois nécessité des traitements.
Selon l'Unip, les semis de féverole de printemps sont, dans l’ensemble presque terminés, et on s’attend à une augmentation des surfaces dans les principales régions concernées par cette culture. La plupart des semis, effectuée en février, a levé vers la mi-mars et présentent actuellement 2 feuilles. Des semis ont pu être réalisés à la fin de la semaine dernière en Champagne-Ardenne, dans le Nord et l’Eure. Il reste encore quelques secteurs à finaliser.