Des peines de deux à trois mois avec sursis ont été requises jeudi à Saint-Etienne contre six agriculteurs, qui lors d'une manifestation en pleine crise laitière, en septembre 2009, avaient déversé plusieurs milliers de litres de lait dans la chambre d'agriculture de la Loire.
Le représentant du parquet a laissé au tribunal correctionnel l'appréciation des peines à l'encontre des trois autres agriculteurs poursuivis, qui n'ont pas reconnu avoir provoqué de dégradations au cours de ce qu'ils présentent comme une « action collective ».
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 15 novembre 2012.
Selon Me Chantal Jullien, l'avocate des agriculteurs poursuivis pour « dégradations volontaires en réunion », ils « n'avaient pas conscience des dégâts qui allaient être occasionnés » lorsque le 21 septembre 2009, ils ont déversé le lait sur les façades de la chambre d'agriculture.
Le terme de « désespoir » a été plusieurs fois employé lors de l'audience, en rappelant le contexte d'un prix du lait qui avait baissé d'un tiers à 216 euros les 1.000 litres. Certains producteurs préféraient alors le détruire dans le cadre de la « grève du lait ».
Mais pour le représentant du parquet, Philippe Chassaigne, « on ne peut pas admettre qu'une crise sociale sectorielle puisse constituer un état de nécessité », a-t-il dit, évoquant la sidérurgie lorraine et l'industrie automobile de la Franche-Comté.
Une première plainte des organismes agricoles abrités par la chambre d'agriculture ayant été classée sans suite par le parquet, les cinq organismes agricoles plaignants (chambre d'agriculture, MSA, Groupama, Adasea, Agri-Vert) se sont constitués partie civile sur citation directe.
Ils ont estimé les dégâts à 325.000 euros en matériels informatiques, électriques, destruction d'archives et rénovation des locaux endommagés.
Me Chantal Julien a affirmé pour sa part qu'ils agissaient « pour le compte de la FNSEA », syndicat concurrent de la Confédération paysanne, à laquelle appartient la plupart des prévenus, « à l'approche des élections à la chambre d'agriculture, en janvier prochain ».
« C'est dans ce contexte qu'on cherche à faire passer mes clients pour des casseurs », a-t-elle déploré, demandant leur relaxe.
Entre 500 et 700 agriculteurs et sympathisants, selon la police ou les organisateurs, avaient défilé en début d'après-midi dans le centre de Saint-Etienne pour accompagner les prévenus jusqu'au palais de justice.