Après le séisme provoqué par la suppression de près de 900 emplois à l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), les salariés de plusieurs entreprises agroalimentaires visées ces derniers mois par des plans sociaux se sont mobilisés lundi à Brest et Morlaix pour défendre leur secteur en pleine détresse.
Face à cette mobilisation, le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, a annoncé dans l'après-midi la tenue le mercredi 16 octobre 2013, sous l'égide du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, d'une réunion d'« urgence » avec six ministres sur ce dossier.
Elle se tiendra à l'issue du conseil des ministres en sa présence et celle des ministres du Travail (Michel Sapin), de l'Agriculture (Stéphane Le Foll), du Redressement productif (Arnaud Montebourg) et des ministres « bretons » Marylise Lebranchu (ministre de la Fonction publique) et Jean-Yves Le Drian (Défense).
« C'est une réunion de travail, de combat, pour apporter des réponses », a indiqué le ministre délégué à l'Agroalimentaire, précisant que la tenue de cette réunion s'était décidée dans le week-end.
Elle « portera sur la Bretagne, et en particulier sur l'agroalimentaire et l'agriculture, pour à la fois traiter l'urgence, avec la situation douloureuse dans le Finistère, et envisager l'avenir », a expliqué le ministre.
Quelque 300 salariés de l'agroalimentaire breton ont bloqué jusqu'en fin de matinée l'aéroport de Brest, symbole de l'économie en Bretagne, se couchant notamment sur le tarmac, pour protester contre les plans sociaux frappant leur secteur, à l'appel des syndicats CGT et FO des entreprises Doux et Tilly-Sabco (volaille), Marine Harvest (poisson) et Gad (abattage et découpe de porc).
Deux vols pour Paris au départ de Brest ont été annulés, ainsi qu'un vol en provenance de la capitale, selon le site internet de l'aéroport de Brest.
Les salariés de Doux portaient des affiches « Sauvez nos emplois et l'industrie » ou « Sauvez la filière avicole export ». Ceux de Tilly-Sabco, qui a annoncé récemment devoir réduire sa production de 40 %, brandissaient de leur côté des pancartes « Nous voulons vivre ».
Les manifestants se sont ensuite dirigés en opération « escargot » vers Morlaix, où une centaine de manifestants, dont des salariés de Tilly-Sabco et des éleveurs, bloquaient la RN12 au début de l'après-midi dans les deux sens sur le pont de Morlaix.
« Si Tilly-Sabco ferme, ça pétera, c'est sûr ! », a témoigné un manifestant, Yves, salarié du groupe depuis 35 ans. « On va vers une espèce de guerre civile parce que tout est en train de s'écrouler ici », a ajouté cet homme de 52 ans, se disant « prêt à aller jusqu'au bout, jusqu'à la taule ! »
Dans la matinée, quelque 200 salariés ont parallèlement bloqué un rond-point à Landivisiau (Finistère), près de l'entreprise Gad, selon FO.
« C'est toute la Bretagne qui souffre et particulièrement le Finistère », a estimé lundi matin Nadine Hourmant, déléguée FO du groupe Doux, qui a perdu un millier d'emplois il y a un an. « Il n'y a pas que nous qui souffrons, il y a également beaucoup de petites boîtes », a-t-elle ajouté.
De son côté, Olivier Le Bras (FO), représentant syndical chez Gad, a assuré : « Il y a deux ans déjà, nous avons alerté les politiques de droite et de gauche quels qu'ils soient sur l'ampleur et le tsunami social qui allait nous arriver. »
« Tilly-Sabco a réduit son activité, ça déséquilibre complètement la filière », a jugé Jean-Luc Hervé, président du groupement d'éleveurs Univol, un des groupements de Nutrea qui vend ses poulets à Tilly.
Depuis quinze mois dans la région, les mauvaises nouvelles ont frappé l'agroalimentaire, un secteur qui représente avec l'agriculture environ un tiers des emplois en Bretagne.
« C'est réellement une hécatombe qui est en train de se produire en Bretagne », a affirmé Corinne Nicole, représentante CGT chez Tilly-Sabco. Selon elle, les restructurations conduiront à la suppression de 8.000 postes avec les emplois induits, en plus des réductions d'effectifs dans les quatre entreprises agroalimentaires, situées dans un rayon de 50 km.
« La Bretagne est en train de s'effondrer », a assuré Nadine Hourmant avant d'ajouter : « Nous sommes cassés par nos emplois et pourtant on veut les garder parce qu'on n'a rien d'autre. »
Samedi, des acteurs économiques et agricoles de la Bretagne avaient manifesté contre l'écotaxe qui doit entrer en vigueur au 1er janvier, occasionnant de grosses perturbations routières dans la pointe bretonne.
Mercredi, une nouvelle journée de mobilisation est prévue à l'appel de Produit en Bretagne, qui regroupe quelque 300 entreprises et plus de 100.000 salariés, et de l'Association bretonne des entreprises agroalimentaires, qui appellent à « sonner le tocsin » en faisant résonner leurs alarmes incendie sur les lieux de travail, pour alerter sur la gravité de la situation.
LA MISE EN PLACE DES PAROLES
mardi 15 octobre 2013 - 17h14
Avec les algues vertes, le préfet de Bretagne a dit que leurs réductions viendraient pas la réduction des usines agroalimentaires afin de réduire la pollution. Aujourd'hui, par ces plans sociaux, l'état met en acte ces paroles. Des phrases anodines ne sont toujours pas des imbécillités.