La plupart des pays européens sont montés au créneau lundi pour défendre la Pac de l'UE, accusée notamment par la Grande-Bretagne d'être en partie responsable de la flambée des prix et des crises alimentaires dans le monde.
Lors d'une réunion à Bruxelles, «la plupart des ministres de l'Agriculture ont répondu non» à cette accusation et estimé «qu'on ne peut pas donner à la Pac la responsabilité de la hausse des prix», a indiqué une source diplomatique à l'issue d'un débat sur le sujet.
La présidence slovène de l'Union européenne a elle aussi rejeté les critiques britanniques, qui sont également émises par des pays en développement et des ONG.
«Il y a beaucoup de raisons expliquant la hausse des prix des denrées alimentaires, c'est pourquoi je ne ferais pas de lien direct avec la politique agricole commune» pour expliquer le phénomène, a déclaré à la presse le ministre slovène de l'Agriculture, Iztok Jarc.
Dans une lettre qu'il vient d'envoyer aux 27, le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a relancé la polémique autour de la Pac. Il juge que les taxes douanières agricoles existant encore dans l'UE et les subventions versées aux agriculteurs pénalisent leurs concurrents des pays en développement et contribuent à maintenir des prix artificiellement élevés.
La ministre néerlandaise de l'Agriculture, Gerda Verburg, a abondé dans le sens de la présidence de l'UE. «Je ne soutiens pas sa position (celle d'Alistair Darling, ndlr), car je pense que la Pac peut aider à résoudre les problèmes», a-t-elle dit.
Londres a relancé l'offensive sur ce sujet à l'occasion du projet d'aménagement de la politique agricole commune que doit présenter mardi la Commission européenne dans le cadre du bilan de santé.
De nombreux Etats membres ont souligné que le découplage «n'encourage pas la production» à un moment où l'Europe en a besoin avec les problèmes d'approvisionnement et ont souligné la nécessité de «maintenir une agriculture forte», même si les prix devraient baisser en moyenne cette année par rapport à leurs pics de 2007, selon la source diplomatique. Ce point de vue est soutenu par les professionnels du secteur. La Confédération des organisations agricoles européennes (Copa) a dénoncé lundi à Bruxelles les projets de la Commission, lors d'une conférence de presse.
«Nous nous opposons à tout transfert de moyen» de la production agricole vers le développement rural, a affirmé le vice-président du Copa (syndicats agricoles européens), Gerd Sonnleitner. «Ceux qui affaiblissent l'agriculture affaiblissent la sécurité d'approvisionnement» alimentaire, a-t-il ajouté.
«La Pac est une garantie très précieuse contre les incertitudes de prix sur les marchés mondiaux. Les Européens (grâce à elle) ne dépensent que 15% de leur revenu pour l'alimentation», a-t-il expliqué.