Le G8 s'est affirmé mardi profondément préoccupé par la forte hausse des prix alimentaires mondiaux mais n'a pas annoncé de nouvelles mesures financières pour l'endiguer.
Selon les huit dirigeants des pays parmi les plus riches du monde, «l'impact négatif de cette récente évolution pourrait faire retomber des millions de gens dans la pauvreté».
Le G8 a également demandé, lors de son sommet de Toyako (Japon), aux pays qui disposent de stocks de nourriture en quantité suffisante «de rendre disponible une partie de leurs excédents pour les pays dans le besoin» face à l'augmentation des prix mais d'une façon qui «ne porte par atteinte aux règles commerciales».
Dans une «déclaration sur la sécurité alimentaire mondiale», les dirigeants des huit pays (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Italie, Russie) n'ont toutefois pas annoncé de nouvelles mesures financières pour les pays les plus touchés par la crise alimentaire.
Ils ont rappelé que, depuis le début de l'année, ils ont consacré «plus de 10 milliards de dollars pour faire face aux effets de la crise, par des mesures d'aide alimentaire et pour augmenter la production agricole dans les pays touchés».
«Les dirigeants du G8 ne comprennent rien. Les faits sont pourtant clairs: les politiques d'encouragement des biocarburants représentent 75% du problème mais ils ne les mentionnent qu'à peine et continuent de brûler de la nourriture pour faire rouler leurs voitures», a affirmé Jeremy Hobbs, directeur exécutif de l'organisation humanitaire Oxfam.
La déclaration du G8 souligne toutefois qu'il convient de s'assurer de «la compatibilité des politiques de production durable de biocarburants avec la sécurité alimentaire».
Selon la Banque mondiale, les prix de l'alimentation ont augmenté de plus de 80% depuis 2005. Le G8 a souligné qu'une telle envolée «nourrissait les pressions inflationnistes et provoquait des déséquilibres macroéconomiques» dans les pays les plus touchés.
Mais sa réponse est essentiellement d'appeler à une conclusion positive des négociations commerciales internationales engagées à l'OMC dans le cadre du cycle de Doha et de «lever les restrictions à l'exportation de denrées alimentaires».
Face à la crise, de nombreux pays producteurs ont institué des taxes à l'exportation de leurs produits alimentaires pour garantir leur propre approvisionnement, contribuant ainsi à accélérer la hausse des prix.
Le G8 s'est toutefois engagé, et a appelé les autres pays donateurs d'aide alimentaire à faire de même, à augmenter ses contributions au Programme alimentaire mondial (PAM) «pour faire face aux besoins humanitaires urgents et pour donner un accès aux semences et aux engrais pour les prochaines semailles».
«Une des principales causes sous-jacentes de la crise alimentaire mondiale est la baisse dramatique des investissements dans l'agriculture durant les trois décennies écoulées», ont indiqué mardi dans un communiqué commun diffusé à Rome parallèlement au sommet du G8, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le PAM.
Les trois institutions ont appelé le G8 à inverser cette tendance «en accordant une plus grande part de l'aide au développement au secteur agricole et rural».
Le G8 a annoncé la formation d'un «partenariat mondial» avec la communauté internationale sur l'agriculture et l'alimentation, réunissant les gouvernements des pays en voie de développement, le secteur privé, les donateurs et les institutions internationales, «les Nations unies devant faciliter et apporter la coordination».
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