Embourbé dans la crise financière, qui lui a encore coûté très cher au premier trimestre, le Crédit Agricole a annoncé mardi une augmentation de capital de 5,9 milliards d'euros pour y faire face mais aussi une volte-face stratégique au profit de sa banque de détail.
Première banque de détail européenne, le Crédit Agricole devait publier ses résultats jeudi. Mais elle a pris les devants pour couper court aux rumeurs en annonçant que son résultat net ne dépasserait pas 892 millions d'euros, soit à peine un tiers de celui du premier trimestre de 2007.
En cause: 1,205 milliard de nouvelles dépréciations affectant Calyon, sa banque de financement et d'investissement, après 4,2 milliards (avant impôt) en 2007.
A ce jour, c'est la banque française la plus touchée par la crise, même si elle est aussi la plus grande par le chiffre d'affaires.
Comme la Société Générale après l'affaire Kerviel et d'autres banques dans le monde, le Crédit Agricole va lancer une augmentation de capital afin de retrouver un ratio de solvabilité de 8,5%. Une annonce très mal accueillie en Bourse.
La banque verte a aussi livré les grandes lignes d'un "plan d'action" qui prévoit de recentrer Calyon sur ses "compétences clefs" et d'accroître le poids de la banque de détail, synonyme de revenus stables et récurrents.
Tenu pour responsable de l'engagement du groupe dans l'aventure des "subprime", Marc Litzler, le directeur général de Calyon, «va quitter la direction générale», a confirmé une source interne à la banque. Il devrait cependant rester auprès de Georges Pauget, le directeur général de Crédit Agricole SA, «le temps d'organiser la transition», a-t-elle ajouté.
Echaudé par la crise, le Crédit Agricole a décidé de faire machine arrière, les caisses régionales, son principal actionnaire, jugeant que le groupe s'était trop éloigné de ses métiers traditionnels au profit d'activités financières plus risquées.
Une revue stratégique des métiers est en cours qui devrait déboucher sur une réduction de la voilure de Calyon. Pour autant, sa cession pure et simple n'est pas à l'ordre du jour, indique-t-on à la banque.
Pas plus que la démission de Georges Pauget, qui avait nommé M. Litzler et poussé ces dernières années en faveur d'un poids accru des activités de marché et de l'international. «L'état d'esprit est plutôt à serrer les rangs et passer la crise. Il n'y aura pas de vote de défiance» lors du conseil d'administration qui aura lieu le mercredi 14 mai 2008, assure une source proche.