« S'il est vrai que [les] écarts de rémunération salariale constituent de véritables distorsions de concurrence, le Modef considère que la politique de la réduction des coûts de travail n'est pas la solution », affirme lundi le syndicat agricole dans un communiqué.
« Pour preuve, les employeurs agricoles bénéficient d'exonérations des charges sociales et patronales sur les travailleurs saisonniers, ainsi que sur les permanents sans que cela n'ait amélioré la situation des exploitations maraîchères et fruitières », relève le Modef.
En outre, l'exonération de charges sociales « n'a pas empêché la disparition continue des exploitations maraîchères et fruitières au point que la France est devenue importatrice nette », et un abaissement du coût du travail pour les exploitations agricoles françaises seraient contre-productif, martèle le Modef.
Le syndicat propose, « pour lutter contre les distorsions de concurrence » avec des pays comme le Maroc, d'encadrer les marges de la grande distribution, « y compris les centrales d'achat » par l'application d'un coefficient multiplicateur, afin d'obtenir des prix rémunérateurs pour les producteurs. Il milite également pour la mise en place de calendrier d'importation pour limiter la concurrence sur les périodes de production française.
Selon le Modef, il faudrait également imposer la « taxation des transports de fruits et légumes au-delà de 1.000 km […] et prévoir la mise en place de prix minimaux garantis couvrant les coûts de production ». L'exclusion des fruits et légumes des accords de libre-échange est une autre solution avancée par le syndicat.
« Ces mesures ont l'avantage de ne pas avoir d'impact négatif sur le budget du régime de Sécurité sociale, ni sur la rémunération des salariés, ni sur le pouvoir d'achat des consommateurs », insiste le Modef. En revanche, souligne-t-il ironique, « cela pourrait mettre en difficulté les producteurs français, les coopératives et les investisseurs qui se sont installés en Afrique du Nord... ».