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La Coordination rurale veut placer « la Pac sous bonne protection »

Publié le mercredi 07 décembre 2011 - 18h55

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Bruno Le Maire, lors du congrès de la Coordination rurale au Futuroscope, le 7 décembre 2011 (© A. Delest / GFA)

La présence exceptionnelle de Bruno Le Maire a marqué le 18e congrès de la Coordination rurale (CR), à Poitiers le 7 décembre 2011. C'est la première fois, depuis l'existence du syndicat, qu'un ministre de l'Agriculture y assiste.

 

« Un signe fort » pour Bernard Lannes, le président de la Coordination rurale depuis un an. Autre signe fort pour le syndicat : son âge. « 18 ans, c'est l'âge de la majorité. Et c'est la majorité que nous visons aux prochaines élections des chambres d'agriculture en janvier 2013 ! »

 

Le lieu du congrès est symbolique. Le Futuroscope a accueilli il y a tout juste deux ans le houleux congrès de la FNSEA... Depuis son congrès à Montpellier en 2010, la CR est en ordre de marche vers les prochaines échéances électorales pour le monde agricole. « Je vais m'y jeter corps et âme, c'est par le terrain et pour le terrain qu'on gagnera », a scandé Bernard Lannes.

 

Bruno Le Maire était lui aussi en campagne, pour sa famille politique, n'hésitant pas à comparer son bilan aux propositions pour la présidentielle du PS et des Verts « qui vous empêcheront de dormir ces prochains soirs si vous les lisez », a-t-il interpellé en s'adressant aux 700 militants réunis à Poitiers.

 

Bien que le ministre ait su appuyer sur les thèmes chers à la CR (prix rémunérateurs, compétitivité, régulation...), son discours a été accueilli de façon mitigée. Il a était presque autant applaudi que conspué... Car Bruno Le Maire n'a rien annoncé ni promis – sauf des prix rémunérateurs, mais sans convaincre l'assistance sur ce point.

 

 

Contractualisation

 

Bernard Lannes a affirmé « ne pas être opposé à la contractualisation, à condition qu'elle s'inscrive dans un partenariat gagnant ». Ce qui n'est pas le cas pour l'instant, selon lui.

 

Le ministre a tout de même essayé de les convaincre des bénéfices des contrats pour les producteurs. « Vous dites que les contrats ne marchent pas, je ne suis pas d'accord. [...] Je reconnais qu'il y a des abus scandaleux. Je le redis, les contrats n'ont de sens que s'ils sont favorables aux producteurs. Vous pouvez compter sur moi pour faire pression sur les industriels afin qu'ils proposent des contrats justes et équitables aux producteurs. »

 

« J'ai tout fait pour renforcer le pouvoir des producteurs de lait. Nous sommes en train d'y arriver », a déclaré le ministre, faisant référence au « paquet lait » qui doit permettre aux producteurs de se regrouper non plus à 300 ou 400 comme ils le font aujourd'hui, mais à 3.000 ou 4.000.

 

« Le 15 décembre prochain, pour la première fois depuis douze ans, nous adopterons une modification du droit de la concurrence européen qui permettra aux producteurs de lait de se rassembler jusqu'à un seuil fixé à 3,5 % de la production laitière communautaire et à un tiers de la production nationale », a indiqué le ministre.

 

« Vous voulez des actes, vous aurez de actes », a-t-il lancé. En revanche, pas un mot sur le pluralisme au sein des interprofessions. « La peur d'affronter son auditoire ? », se sont interrogés les militants à l'issue de son discours éclair.

 

 

Coût du travail

 

Bruno Le Maire a par ailleurs rappelé qu'il n'était pas favorable à la TVA sociale même s'il connaît la nécessité de faire baisser encore le coût du travail. « Nous sommes dans une bonne direction. C'est un fait, c'est un acte ».

 

Pour la Coordination rurale, « la TVA sociale a le mérite de répartir la charge sociale sur l'ensemble des citoyens consommateurs (qui profitent de cette haute protection sociale), plutôt que sur les seuls actifs. Elle permet des exportations allégées du coût de notre protection sociale et des importations qui, elles, la financent ».

 

 

Réforme de la Pac

 

Le ministre de l'Agriculture a enfin abordé la question de la réforme de la Pac 2014-2020, la voulant « forte », avec des outils de régulation et des aides directes pour les zones de handicaps naturels. « Qu'est-ce qui se serait passé si vous aviez eu un ministre libéral ? Je me suis battu pour que vous ayez des prix rémunérateurs. »

 

Sur les grandes orientations, le ministre et le syndicat semblent d'accord, mais les outils à utiliser les opposent. « Je suis très critique sur ce projet de Pac 2014-2020 réduit à une distribution de budget (figé d'ici à 2020), tentant de résoudre la quadrature du cercle entre les acquis des mieux lotis et la convergence promise aux nouveaux Etats membres », a indiqué Bernard Lannes.

 

La CR croit une nouvelle Pac encore possible. Les crises financières et économiques qui se succèdent ces dernières années ramènent la question du protectionnisme sur la table. Même si le sujet semble moins tabou outre-Atlantique qu'en France et en Europe, la Coordination rurale s'en réjouit.

 

« Il est temps de placer la Pac sous bonne protection : une protection aux frontières, avec des droits de douane », a déclaré François Lucas, son vice-président. « Il faut des portes et fenêtres qu'on ouvre ou que l'on ferme de façon à ce que cela reste confortable à l'intérieur. Il n'est pas question d'autarcie », a-t-il précisé.

 

Pour la CR, la première priorité est d'assurer la sécurité alimentaire de l'Europe et donc d'être autosuffisant. Cela passe par une rééquilibrage des productions (plus de protéines et moins de céréales), un marché fluide (sans monopole ni oligopole) et des prix stables et « rentables ». « La Pac après 2014 doit agir sur les produits et les prix. Elle doit être interventionniste », a réaffirmé François Lucas.

 

La proposition de la CR a le mérite, en cette période de rigueur budgétaire, de nécessiter un budget restreint. Elle la résume en 10 propositions :

 

- Rééquilibrer nos productions végétales pour sécuriser notre indépendance alimentaire,

- Rétablir la préférence communautaire par le biais de la régulation,

- Avoir une harmonisation sociale et fiscale communautaire,

- Mettre en place la TVA sociale,

- Passer progressivement d'une politique d'aides à une politique de prix rémunérateurs,

- Réformer les organisations communes de marché pour qu'elles deviennent des organisations communes de production et de marché,

- Rationaliser les coûts de gestion de la Pac,

- Mettre en place une politique en faveur des circuits courts de commercialisation,

- Favoriser l'autonomie énergétique de l'agriculture,

- Créer des normes régionales et uniformiser les exigences en matière de traçabilité, source de distorsion de concurrence au sein de l'Europe et pour les importations de pays tiers.

 

La Coordination rurale s'inquiète également du verdissement de la Pac, proposé par la Commission européenne. « Les agriculteurs sont les premiers écologistes de France. [...]) Tout n'est pas parfait, mais ce n'est pas “l'apocalypse” prônée par certaines associations proches de dérives sectaires, ou sur cette terre l'homme devient un problème. »

 

La CR a appelé le ministre de l'Agriculture à faire du « ménage » parmi les associations environnementalistes, rappelant que « les syndicats sont issus de scrutins démocratiques lors d'élections », ce qui n'est pas le cas des associations.

 

« En dix ans, nous avons donné des preuves de traçabilité et de qualité aux consommateurs. Ils bénéficient d'une alimentation saine et de qualité. Le coût de celle-ci qui nous incombe ne pèse pas lourd dans leur budget alimentaire. Dans le même temps, 25 % des agriculteurs ont disparu. » La CR demande comment « courir une compétition mondiale avec un boulet vert à chaque pied ». Sur ce point, le ministre a abondé dans le sens des militants, mais pour l'instant, sans acte...

 

 

Principe de réciprocité

Le ministre a également évoqué un sujet cher à la Coordination rurale : la réciprocité internationale.

« L'Europe doit apprendre à défendre ses intérêts, a-t-il souligné. Nous ne pouvons pas demander à nos producteurs de respecter des règles parmi les plus strictes au monde et ouvrir tout grand nos frontières à des produits qui ne respectent aucune de ces règles. De ce point de vue, je le dis haut et fort : nous ne ferons pas un pas de plus dans les négociations commerciales avec l'OMC et le Mercosur. »

Pour lui, la réciprocité, c'est aussi « protéger nos producteurs tout en conservant notre capacité d'exportation. L'avenir de l'agriculture européenne se joue sur les marchés à l'exportation ».

Enfin, « la réciprocité, c'est arrêter de vouloir en faire toujours plus que les autres en matière environnementale. Nous devons faire en sorte que l'environnement soit un atout et pas un handicap pour les producteurs ».

 

 

 

A télécharger :

 

A.De.


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Titre

jeudi 08 décembre 2011 - 09h02

Pourquoi Bruno Lemaire n'a t'il pas ouvert la table ronde aux autres Syndicats lors de sa venue a Gimont avec le Président et Nathalie.
commentaires agriculteurs

LAFFONT
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