Dans un contexte de crise laitière, le congrès national des Jeunes Agriculture (JA) s’est clôturé jeudi 11 juin à Saint-Flour (Cantal), au son des sifflets. La raison: la présence de Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, et l’absence de Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA.
Après la prise de position de la FNSEA sur l’accord du lait, signé par l’interprofession le 4 juin dernier et fixant un prix de 280 euros les 1000 litres, les rapports des JA avec la grande maison en ont pris un sérieux coup. Officiellement absent en raison d’un vol annulé, Jean-Michel Lemétayer a laissé son secrétaire général, Dominique Barrau, supporter les foudres des jeunes.
Malgré la colère des congressistes, ni Dominique Barrau, ni Michel Barnier n’en démordent: l’accord sur le prix du lait est «insuffisant mais indispensable».
«Il vaut mieux un accord que pas d’accord du tout», s’est défendu le ministre. Pour le numéros deux de la FNSEA, «il fallait d’une part, entériner la possibilité pour l’interprofession de faire des recommandations, et d’autre part, éviter que tous les industriels s’alignent sur les prix les plus bas».
Après avoir admis que «cet accord ne règle pas tout», Michel Barnier a tenté de rassurer les jeunes sur la question des marges. Finis les politesses envers la grande distribution. Le ministre exige dorénavant des distributeurs «qu’ils jouent le jeu de la transparence. S’il le faut, nous enverrons des inspecteurs du ministère des Finances pour aller vérifier les informations manquantes», a-t-il expliqué.
Les marges «abusives» réalisées par la grande distribution sont «le combat commun à toutes les filières, a lancé William Villeneuve, président des JA. Il est grand temps de nous organiser, car la loi de modernisation de l’Economie (LME) n’offre aucun salut pour assurer l’avenir des agriculteurs». Selon William Villeneuve, ce salut doit passer par un observatoire des prix et des marges efficaces. «Mais il est vide!»
Sur ce point, Michel Barnier a signalé que l’observatoire des prix et des marges, après trois mois de travail, a validé mercredi les indicateurs sur le porc. «Les résultats sont là avec une publication dans les jours qui viennent aux stades de la production, de la découpe et du détail pour le jambon cuit et le rôti de porc. Tous les mois, les données seront actualisées. Alors non, cet observatoire n’est pas vide!», a déclaré le ministre.
Concernant le bilan de santé de la Pac et le versement des aides, Michel Barnier a annoncé le bouclage de deux propositions dans les prochaines semaines. La première prévoit «la possibilité de prendre la meilleure année de la période de référence 2005-2008 pour calculer les dotations, afin de mieux prendre en compte la situation des jeunes agriculteurs».
La deuxième concerne les agriculteurs qui se sont installés après la période de référence. «L’objectif est de les doter à partir de la réserve. Nous allons faire remonter en réserve les DPU des agriculteurs qui ne sont plus en activité en 2009». Une troisième proposition devrait être élaborée début 2010, pour les jeunes qui vont s’installer en 2010. «Ce programme aura deux objectifs, a indiqué le ministre. Doter de DPU les agriculteurs qui n’ont pas signé de clauses en reprenant l’exploitation et revaloriser les DPU de ceux qui ont signés des clauses ne prenant pas en compte le bilan de santé».
Sur l’installation, et plus particulièrement sur le plan de professionnalisation personnalisé, «j’ai tenu mes engagements», a tenu à rappeler Michel Barnier. «Dans un contexte budgétaire difficile, nous mobilisons en France 350 millions d’euros par an pour accompagner l’installation. J’ai également augmenté la dotation initiale du FICIA d’1,5 millions d’euros et j’ai demandé de mettre le solde de l’enveloppe 2009, soit 1,8 millions d’euros, à disposition des régions dans les jours qui viennent. J’ai par ailleurs fait inscrire dans le plan de relance 30 millions d’euros pour accompagner les investissements».
Entre chahut et applaudissements, Michel Barnier a achevé son dernier discours en tant que ministre de l’Agriculture, par cette réflexion: «ne sous-estimez pas les difficultés du débat sur la politique agricole commune, car beaucoup de pays veulent la démolir. Le budget européen ne doit pas guider la politique agricole».
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