Dans une lettre ouverte à François Hollande, le président de la Coordination rurale, Bernard Lannes, réagit à la tribune publiée par le président de la République dans Le Monde du 9 mai 2014.
« A vous lire, écrit Bernard Lannes, la mondialisation des échanges de productions serait non seulement inéluctable mais aussi souhaitable, tandis que l'universalité des migrations humaines représenterait un certain danger. Outre que ce libéralisme à deux vitesses est difficilement compréhensible, il fait surtout l'impasse sur une donnée essentielle : toutes les productions ne peuvent être traitées indifféremment, car toutes ne représentent pas pour notre pays et pour l'Europe un enjeu vital identique. Nous pensons que les productions agricoles, sur lesquelles reposent notre avenir alimentaire, ne peuvent être livrées aux lois d'un marché totalement dérégulé où sévit la spéculation, les intérêts débridés de quelques multinationales et des distorsions de concurrence irrémédiables dès lors que les normes sociales et environnementales sont totalement disparates. »
« Ne pensez-vous pas que l'Europe devrait faire de son indépendance alimentaire une priorité absolue ? Qu'elle devrait s'assurer du maintien de la qualité remarquable de ses productions ? Qu'elle devrait arrêter de faire disparaître ses agriculteurs et de participer à la destruction des agricultures des pays en voie de développement dans lesquels des paysans meurent de faim, tout en cultivant des productions destinées à l'exportation ? Qu'à l'exemple des produits culturels, l'Europe devrait imposer une “exception agriculturelle” ? »
« Nous vous serions également reconnaissants si vous cessiez de faire croire aux Français que “la politique agricole commune a été préservée”. Il s'agit d'une incantation qui vous discrédite personnellement et qui, de plus, reprise par tous les médias, laisse croire encore que les agriculteurs survivront grâce à la Pac. Or, vous le savez, ce ne sera pas le cas. Toutes les productions vont être touchées ; les éleveurs comme les céréaliers subiront l'austérité budgétaire européenne que vous avez cautionnée. Il est urgent de remettre les prix de vente de nos productions au cœur du fonctionnement de la Pac et d'arrêter de considérer que les consommateurs ne sauraient participer en aucun cas à l'effort commun de préservation d'une agriculture européenne viable. La Coordination rurale propose une Pac tournée vers l'intérêt et la sécurité des citoyens, efficace, économe, équitable et donc protégée et souveraine. »