La troisième conférence mondiale sur l'agriculture « climato-intelligente » a réuni à Montpellier 750 personnes, principalement des scientifiques, de 75 pays, au cours de trois jours d'intenses débats, du 16 au 18 mars 2015. Les enjeux sont évidents, les solutions un peu moins.
Mais qu'entend-on exactement par agriculture « climato-intelligente » ? Ce concept a émergé en 2009 à l'initiative de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. C'est seulement à partir de cette date que les communautés scientifiques se sont réunies pour aborder conjointement les enjeux climatiques et agricoles, pourtant intimement liés.
Trois objectifs ambitieux
L'agriculture climato-intelligente se donne trois objectifs ambitieux : renforcer la souveraineté alimentaire, réduire les impacts de l'agriculture sur le changement climatique et assurer l'adaptation des systèmes de production à ces changements.
« L'intérêt de cette rencontre mondiale est de renforcer le dialogue entre les différents acteurs pour construire la connaissance sur les processus du changement climatique à l'œuvre dans l'agriculture », rappelle Patrick Caron, du Cirad (Centre international de recherche en agronomie pour le développement).
Par exemple, les règles de calcul de la séquestration du carbone dans les sols agricoles ne sont pas connus, contrairement aux sols forestiers. Une importance particulière a été en effet accordée à la séquestration du carbone par les sols agricoles qui est une des contributions majeures de l'agriculture à l'objectif de diminution des émissions de gaz à effet de serre.
Le « 4 pour 1.000 »
Stéphane le Foll a d'ailleurs annoncé la mise en place d'un programme international, le « 4 pour 1000 », dont l'objectif est de développer la recherche agronomique pour améliorer les stocks de matière organique des sols de 4 pour 1.000 par an...
D'autre part, les projecteurs ont été tournés vers les agricultures familiales des pays du Sud, considérées comme les plus « vulnérables à des changements climatiques brutaux et imprévisibles », a précisé Jean-Luc Chotte de l'IRD (Institut de recherche pour le développement). Car la recherche fait maintenant du social. Certains représentants d'organisations paysannes étaient d'ailleurs conviés aux débats.
Face à ces défis de taille, la communauté scientifique travaille à apporter des solutions et à orienter les décisions politiques. Mais qu'elles sont ces solutions ? De nombreuses voies restent encore à explorer et le temps de la recherche est un temps long.
Les solutions apportées par les savoirs et pratiques paysannes
Mais Attac et la Confédération paysanne dénoncent déjà des « dispositifs donnant la priorité aux biotechnologies et à la finance carbone plutôt qu'au savoir-faire et aux pratiques paysannes ». Ils s'étonnent en effet de retrouver Monsanto, Syngenta et Yara à la table des négociations de la nouvelle alliance sur l'agriculture climato-intelligente.
Il est pertinent d'associer ces acteurs aux discussions. Et les connaissances sur les OGM et leurs intérêts doivent être approfondis scientifiquement. Mais le poids des lobbys de ces multinationales ne doit pas écraser les solutions apportées par les savoirs et pratiques paysannes agroécologiques, indispensables à la transition des systèmes alimentaires et agricoles dans un contexte de changement climatique.
