«La crise financière perturbe les marchés agricoles», a souligné jeudi la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), à l'occasion de la publication de son rapport semestriel sur les Perspectives de l'alimentation. Selon l'institution, les bonnes récoltes céréalières réalisées en 2008 ne doivent pas faire oublier la nécessité d'investir dans l'agriculture.
Prévue à un niveau record de 2,24 milliards de tonnes en 2008-2009, soit une hausse de plus de 5% par rapport à 2007-2008, la production céréalière mondiale «devrait permettre de couvrir les besoins d'utilisation prévus à court terme tout en facilitant la reconstitution des stocks mondiaux fortement entamés», estime l'institution.
Elle avertit néanmoins «que la crise financière en cours aura un impact négatif sur le secteur agricole de nombreux pays, notamment dans le monde en développement».
«La récolte céréalière record de cette année et la récente baisse des prix alimentaires ne doivent pas créer un faux sentiment de sécurité», souligne Concepción Calpe, un des principaux auteurs du rapport.
«Si la volatilité des prix et la situation actuelle des liquidités se prolongent en 2008-2009, les semis et la production pourraient en être affectés au point qu'on assisterait à une nouvelle flambée des prix en 2009-2010, qui déclencherait des crises alimentaires encore plus graves que celles que nous avons vécues récemment», ajoute-t-elle.
Le redressement de la production céréalière a eu lieu pour l'essentiel dans les pays développés où les agriculteurs étaient mieux placés pour réagir face aux prix élevés. Les pays en développement, en revanche, ont été fortement limités par des contraintes au niveau des approvisionnements du secteur agricole, selon le rapport de la FAO.
La forte hausse des prix alimentaires en 2007-2008 a accru le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. Il est passé à 923 millions. Les problèmes économiques mondiaux pourraient encore aggraver cette situation.
Le recul des cours internationaux des matières premières ne s'est pas encore traduit par une baisse effective des prix des denrées alimentaires dans la plupart des pays à faible revenu, indique également le rapport.
Il souligne aussi les enjeux à long terme que sont les contraintes liées à la terre et à l'eau, les faibles investissements dans les infrastructures rurales et la recherche agricole, le coût des intrants agricoles par rapport aux prix des produits agricoles, et le manque d'adaptation au changement climatique.
Rappelant que la population mondiale pourrait dépasser 9 milliards en 2050 (6 milliards environ aujourd'hui), la FAO explique que cette «croissance démographique aura lieu essentiellement dans les pays en développement et dans les zones urbaines. La population active rurale en diminution devra donc devenir beaucoup plus productive».
L'institution souligne que «cela nécessitera, d'une part, davantage d'investissements dans l'agriculture et dans les équipements – tracteurs, pompes à eau, moissonneuses-batteuses, etc. – et, d'autre part, des agriculteurs mieux formés et plus qualifiés ainsi que des chaînes d'approvisionnement plus efficaces».