Offre et Demande Agricole (ODA), société de conseil en gestion du risque des prix, a rendu publiques, vendredi, ses dernières prévisions de production de blé, maïs et colza en France en 2011. Des prix de marché « globalement convenables » laissent attendre une progression des semis de blé ou de colza au détriment des pois et des féveroles en 2012.
ODA prévoit une production de blé de 33,75 millions de tonnes (Mt) en 2011, supérieure à ses estimations précédentes du fait d'une réévaluation des rendements dans le nord de la France. En maïs, 15,2 Mt sont attendues grâce à un rendement national « record » attendu aux alentours de 98 q/ha. En colza, les rendements « exceptionnels » enregistrés en Haute-Normandie, dans le nord ou en Picardie situent la récolte annuelle aux environs de 5,23 Mt, contre 4,8 ou 4,9 Mt lors des précédentes estimations.
« L'an passé, le marché était dominé par le blé meunier. Cette année, il est dominé par le maïs », analyse Benoît Labouille, directeur général d'ODA. Il en résulte une hiérarchie des prix mondiaux « atypique », avec un maïs américain plus cher que le blé américain et plus cher que le maïs français. Du coup, les fabricants d'aliment américains devraient incorporer 5 ou 6 % de blé dans les rations, contre 2 ou 3 % habituellement. La suppression de l'incitation à la fabrication d'éthanol (credit tax), envisagée pour 2012 aux Etats-Unis pourrait cependant peser sur les prix du maïs outre-Atlantique.
Dans ces conditions, le marché mondial des grains demeure « tendanciellement haussier mais attentiste ». Plusieurs raisons à cela : la récolte de maïs s'annonce timide aux Etats-Unis, premier producteur mondial (environ 300 Mt, contre 330 Mt il y a deux ans). Les stocks mondiaux de blé ne sont « pas reconstitués » car la consommation continue à progresser plus vite que la production. La bonne récolte de soja au Brésil ne fait oublier ni la faiblesse des stocks américains, ni l'appétit de la Chine (qui devrait importer 58 Mt de graines en 2011-12). Le colza européen est sous « tension » du fait de « stocks au minimum logistique » en raison de la mauvaise récolte outre-Rhin (elle pourrait tomber sous les 4 Mt, selon les coopératives allemandes).
Dans ce contexte, « tous les produits français bénéficient d'un soutien », estime Benoît Labouille. Avec un blé qui cote plus de 200 €/t sur le marché à terme européen (Euronext) et un colza à plus de 400 €/t, les surfaces en blé et colza devraient a priori augmenter l'an prochain en France, estime Benoît Labouille, même si les marges de manœuvre sont limitées. « Au détriment du pois et de la féverole, chaotiques, sans transparence des marchés. »
Visionnez l'interview de Benoît Labouille.