Changer la Pac, supprimer le rabais accordé à la Grande-Bretagne, dépenser mieux: la Commission européenne a présenté mercredi les résultats d'une grande consultation publique sur la réforme du budget de l'Union européenne, tout en soulignant que rien ne se fera sans volonté politique.
Cette consultation, menée en Europe auprès du grand public, des entreprises et des gouvernements, montre «un désir de changement» et va «être très utile pour formuler des propositions», a souligné Dalia Grybauskaité, commissaire au Budget. Sur cette base, «la Commission va soumettre trois options aux Etats membres l'année prochaine, mais elle ne fera une proposition que si une volonté politique se manifeste», a-t-elle annoncé. Les modifications proposées ne pourront être que techniques puisque le budget 2007-2013 est arrêté depuis 2005.
Selon elle, le budget communautaire actuel avec ses 974,7 milliards d'euros (plus de 100 milliards d'euros par an, dont près de la moitié est réservée aux soutiens à l'agriculture) ne permet pas à l'Union européenne d'agir comme elle le devrait face à certaines situations, «faute de marges de manoeuvre suffisantes». Les pays européens rechignent en effet à puiser dans des fonds non utilisés pour la politique agricole commune. «Avons-nous besoin d'un tel budget, incapable de réagir, incapable d'aider? Je ne le pense pas», a affirmé Dalia Grybauskaité. La Pac a focalisé l'essentiel des critiques formulées au cours de la consultation publique.
Ainsi, la commissaire européenne au Budget a rappelé que «75% des paiements directs vont à seulement 15% de bénéficiaires, dont beaucoup sont des industriels». «Les résultats de la consultation montrent une claire attente en ce qui concerne la réduction des dépenses agricoles, mais la renationalisation complète de cette politique n'est pas une option pour la majorité des répondants», précise-t-elle.
En revanche, du côté des recettes «une très forte opposition a été constatée contre toute forme de correction, d'exceptions ou de compensations et une nette majorité estime indispensable leur suppression pour rendre le budget plus équitable et plus transparent», indique le rapport. La critique vise le rabais consenti en 1985 à la Grande-Bretagne, sur l'insistance de Margaret Thatcher, mais aussi des montants forfaitaires versés aux Pays-Bas et à la Suède. La volonté politique des Etats membres sera déterminante. «Il faudra procéder étape par étape», a estimé Dalia Grybauskaité, convaincue que «si les propositions visent à un changement radical, leur réponse sera non».