Les salariés de l'abattoir Gad SAS de Lampaul-Guimiliau (Finistère), qui doit être fermé, ont décidé jeudi le maintien du blocage de leur usine en attendant d'étudier dans le détail le projet d'accord prévoyant le doublement de leur prime de licenciement.
« On ne va pas vous faire voter aujourd'hui sur ce projet », a déclaré Marc Hébert, secrétaire départemental FO, devant quelque 600 salariés – selon la police – réunis en assemblée générale, dans une ambiance parfois tendue, au lendemain d'affrontements avec les forces de l'ordre.
« En attendant une vérification par nos avocats, nous ne prendrons pas de décision aujourd'hui », a-t-il assuré, avant un vote en ce sens à main levée.
La veille, au terme d'une réunion avec la direction à la préfecture du Finistère, les représentants syndicaux avaient obtenu le doublement des primes de licenciement, ainsi que le paiement des jours de grève en échange de la fin de leurs actions de blocage.
Cependant, en recevant le projet d'accord en début d'après-midi jeudi, ils ont noté que certains engagements n'avaient pas été tenus, comme le paiement de l'ensemble des jours de grève, et non seulement ceux du mois d'octobre.
« Une fois de plus, la Cecab (actionnaire majoritaire de Gad SAS, ndlr) ne joue pas le jeu parce qu'elle ne met pas dans l'accord ce qui était prévu hier », a expliqué à la presse Olivier Le Bras, délégué central FO.
« C'est une provocation, s'ils veulent qu'on reparte à Josselin, on repartira à Josselin, c'est pas un problème, on connaît la route », a assuré à l'AFP Grégory, un salarié en colère.
« Accord satisfaisant et équilibré »
Mardi et mercredi, les salariés avaient manifesté dans cette commune du Morbihan devant une autre usine du groupe, où l'activité d'abattage doit être recentrée. Des heurts avaient opposé des salariés des deux abattoirs, avant que ceux de Lampaul, qui bloquaient le site, ne soient repoussés par les forces de l'ordre.
Une trentaine de salariés du site de Saint-Nazaire, lui aussi promis à la fermeture, se sont prononcés jeudi matin « par principe » en faveur de l'accord. Mais dans l'après-midi, le délégué FO Pierre-Luc Lamy, a lui aussi estimé, après réception du texte, que celui-ci ne correspondait pas à ce qui avait été signé la veille.
« On ne peut pas accepter n'importe quoi », a-t-il déclaré à une correspondante de l'AFP, soulignant qu'il réunirait le personnel de Saint-Nazaire vendredi.
L'accord est « satisfaisant » et « équilibré », a en revanche estimé Jean-Marc Thépaut, secrétaire régional CFDT, selon qui le syndicat a travaillé lors de ces négociations pour ménager « les intérêts des salariés frappés par les licenciements » mais aussi pour « ne pas mettre en péril l'entreprise » déjà en difficulté.
Alain Perrin, directeur général adjoint de la Cecab, avait estimé mercredi que l'accord permettrait « un déblocage des sites et une sortie » du conflit.
La direction, dans un communiqué, a souligné que la Cecab s'était « engagée à faciliter tout projet de reconversion permettant de recréer des emplois sur les sites industriels de Lampaul et Saint-Nazaire ».
Selon Jean-Marc Détivelle (FO), la coopérative est d'accord « pour qu'un repreneur se positionne pour les sites de Lampaul ou de Saint-Nazaire, à condition que ça ne fasse pas concurrence au site de Josselin ». Or, « Lampaul est un abattoir, Saint-Nazaire un atelier de fabrication de charcuterie, au bout d'un moment on va être en concurrence », a-t-il relevé.
L'abattoir de Lampaul-Guimiliau, où la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu, élue locale, se rend vendredi, est bloqué depuis le 11 octobre et la validation du plan de continuation de la société d'abattage et de découpe de porcs, en redressement judiciaire depuis février.
Le plan prévoit la suppression de 889 postes sur 1.700, en majorité sur le site de Lampaul, mais également au siège, près de Morlaix (Finistère), et à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).