Les manifestations de paysans sans-terre, qui réclament une réforme agraire au Brésil et proposent l'agroécologie comme alternative à l'agrobusiness, ont déjà réuni plus de 25.000 agriculteurs dans presque tout le pays en moins d'une semaine.
« Ce mercredi, des manifestations ont lieu dans les Etats d'Alagoas (nord-est), Parana, Rio Grande do Sul (sud) et Rio de Janeiro (sud-est) », a déclaré à l'AFP Mayra Lima, l'une des attachées de presse du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST).
A Maceio, la capitale d'Alagoas, 4.000 sans-terre, qui demandent à se voir attribuer une parcelle à cultiver, ont défilé pour dénoncer le « modèle destructeur de l'agroalimentaire, qui ne produit qu'avec du poison » (les pesticides), selon eux. Une autre manifestation a eu lieu dans les rues de Porto Alegre (capitale du Rio Grande do Sul) avec 4.000 paysans, selon le site officiel du MST. Dans le Parana et à Rio de Janeiro, les sans-terre ont bloqué des routes et autoroutes, a indiqué Mme Lima.
Les actions - marches, occupations de terres et blocage de routes - ont débuté le 5 mars, dans le cadre de la Journée nationale de lutte des femmes à la campagne. Ce jour-là, près d'un millier de femmes du MST, armées de bâtons et couteaux, avaient envahi une usine de cellulose et détruit des milliers de plants d'eucalyptus transgéniques dans l'Etat de Sao Paulo. Les actions continuent dans le cadre des « Luttes unifiées pour les campagnes ». Elles se sont déjà déroulées dans 21 des 27 Etats du Brésil, surnommé le « grenier du monde ».
Une ministre issue de l'agrobusiness
« Cette année, nous avons le soutien des mouvements sociaux urbains, outre les syndicats, qui se mobilisent pour les droits des travailleurs et pour une réforme politique », a déclaré Deborah Nunes, de la coordination nationale du MST, alors que la classe politique brésilienne est éclaboussée par le retentissant scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière Petrobras.
« Les campagnes vivent un moment délicat, avec la stagnation de la réforme agraire et la nomination comme ministre de l'Agriculture d'une personne qui, historiquement, bafoue les intérêts paysans (Katia Abreu) », a-t-elle affirmé sur le site du MST.
Selon les sans-terre, des réformes sont nécessaires pour que le peuple jouisse d'une représentativité politique et institutionnelle. « Cela est devenu plus évident après les dernières élections (d'octobre) qui ont mis le Parlement national entre les mains des groupes les plus conservateurs depuis 1964 », date du coup d'Etat militaire qui avait instauré la dictature (1964-85), souligne la porte-parole du MST.