Suite à la fermeture de la sucrerie d'Aiserey en Côte d'Or, certains planteurs se retrouvent avec du matériel coûteux sur les bras.
Ainsi, depuis huit mois, les betteraviers du Centre Est ont mis en vente leurs machines de récolte devenues inutiles suite à l'arrêt de la culture de betterave. Les plus anciennes ont trouvé des acheteurs venant d'autres régions productrices à des prix raisonnables - malheureusement parfois bradés - ne dépassant pas les 50.000 €.
Les équipements décomposés, déjà amortis, n'ont pas occasionné de soucis particulier. Par contre, les machines récentes posent problème car elles ne trouvent pas preneur compte tenu de leur valeur estimée entre 175.000 € et 200.000 € pour les automotrices et plus de 300.000 € pour les intégrales.
Une enquête de la commission mixte révèle que sur vingt automotrices en service dans la région, dix de plus de sept ans ont été vendues. Mais les dix autres recherchent toujours preneur. Il en est de même pour trois intégrales et deux débardeuses.
Des annuités sans produit
En fait, des cuma et des entrepreneurs avaient changé leur arracheuse suite à l'annonce de l'attribution de quotas supplémentaires à l'usine d'Aiserey. En 2006, les planteurs ont appris que la sucrerie devait recevoir un quota additionnel de 24.000 tonnes. L'augmentation prévisible de la surface cultivée, ajoutée au durcissement du règlement ''tare terre'', avaient incité les agriculteurs à investir dans du matériel de récolte performant. Mais quelques mois plus tard, la situation est totalement bouleversée laissant ces investissements improductifs.
«L'an dernier, j'avais signé de nouveaux contrats d'arrachage avec mes clients. J'avais acheté une intégrale au cours du premier semestre 2007 pour faire face à une récolte de près de 850 ha. Aujourd'hui, je n'arrive pas à vendre mon matériel», explique dépité Damien Jolibois, agriculteur et entrepreneur spécialisé en récolte de betteraves à Longecourt-en-Plaine (Côte d'Or).
Les machines récentes nécessitent des acheteurs à gros budget comme les entrepreneurs ou les cuma. Le marché national des automotrices et le marché européen des intégrales sont actuellement peu actifs dans le contexte de restructuration du secteur sucrier fragilisé partout dans l'Union européenne.
«J'espère pouvoir vendre avant la prochaine échéance car sinon je vais vers le dépôt de bilan», s'exclame Damien Jolibois. Ses investissements en machines se sont élevés à 550.000 € sur 2006 et 2007. Les annuités de remboursement vont bientôt arriver sans hectare de betteraves à récolter.