« C'est un séisme pour le marché, constate Jean-Philippe Gleizes, président du comité de pilotage de la filière du blé dur. Nous n'avons jamais connu le marché du blé dur sans le Canadian Wheat Board (CWB). » En effet, dès la récolte de 2012, les agriculteurs canadiens ne sont plus obligés de confier la vente de leurs récoltes à cet unique opérateur.
La première étape du démentèlement, voulu par le gouvernement libéral, de l'institution qui assurait jusqu'alors plus de 50 % des exportations mondiales. Une procédure judiciaire est lancée par certains producteurs afin de contexter la mesure, mais « le démantèlement est acquis à 99 % » , note Jean-Philippe Everling, directeur de l'exportateur Granit Négoce.
Les opérateurs privés locaux sont sur les rangs pour prendre des parts de marché, et un marché à terme a été créé le 23 janvier 2012. « La fin du CWB est une bonne chose pour ce qui est de la transparence des prix. Les cours officiels publiés par le CWB étaient largement surévalués, et ne correspondaient à rien », tranche Jean-Philippe Everling.
Comment réagiront les fermiers canadiens à cette nouvelle donne ? Quelles seront leurs décisions de semis ? Décideront-ils d'exporter vers les Etats-Unis ? Garderont-ils leur système de classification des lots par qualité qui faisait leur force à l'exportation ? Y aura-t-il une dynamique pour créer des usines de transformation dans le pays ? Les réponses à ces questions en suspens seront déterminantes quant à la nouvelle physionomie du marché du blé dur.