Selon des experts réunis au siège de la FAO à Rome pour évaluer l’impact des biocarburants sur l'environnement et la sécurité alimentaire, les bioénergies pourraient devenir le moteur du développement rural si les gouvernements l'utilisaient à bon escient, indique un communiqué de l'organisation des Nations-Unies pour l'agriculture et l'alimentation, publié lundi.
Bien que les préoccupations de certains groupes soient légitimes quant aux effets des bioénergies sur la sécurité alimentaire et l'environnement, cette source d'énergie offre aussi un outil pour améliorer le bien-être des ruraux à condition que les gouvernements tiennent compte de ces effets, a expliqué Alexandre Müller, sous-directeur général de la FAO.
« Au plan de la sécurité alimentaire, la bioénergie acquiert un sens si nous savons où se trouvent les populations souffrant d’insécurité alimentaire et comment s'y prendre pour améliorer leurs moyens d’existence. Au plan de l’environnement, nous devons faire en sorte que les grands et les petits producteurs de bioénergie tiennent compte de ses effets aussi bien positifs que négatifs », a expliqué M. Müller.
« Un engagement international est nécessaire pour garantir à la fois la sécurité alimentaire et l’utilisation durable des ressources naturelles », selon M. Müller.
Selon certains experts, la production de biocarburants serait profitable à l’environnement et améliorerait la sécurité alimentaire si les cultures destinées à la production de biocarburants ainsi que de la biomasse étaient l’affaire des petits exploitants qui produiraient ainsi de l’énergie pour eux-mêmes et pour leurs communautés locales ou au titre de leur contribution aux marchés national et international.
Certaines cultures destinées à la production de biocarburants et de fourrage pourraient cohabiter avec des cultures vivrières et d’autres plantes. « Au sein de ces mosaïques champêtres, les espaces pour la culture de plantes destinées à la production de biocarburants procureraient d’autres avantages, notamment comme brise-vents ou pour la réhabilitation de zones dégradées ou encore comme habitat pour la biodiversité et pour d’autres services bénéfiques à l’écosystème ».
D’après l’expert de la FAO Joseph Schmidhuber, une bonne gestion de la bioénergie induirait une « renaissance » agricole dans certains pays en développement où les biocarburants pourraient être produits de manière profitable.
Les effets du nouveau marché de la bioénergie sur la sécurité alimentaire pourraient être négatifs ou positifs. Tout dépend, au niveau national, de la question de savoir si telle ou telle économie est importatrice ou exportatrice de produits alimentaires et d’énergie. Il en est de même au niveau des ménages.
Des mesures spéciales seront nécessaires pour protéger les paysans sans terre, les populations urbaines pauvres et les autres groupes vulnérables, a indiqué M. Schmidhuber.