Les biocarburants risquent de porter atteinte à la biodiversité et ne seront pas rentables sans de nouvelles politiques gouvernementales, estime l'OCDE dans un rapport publié mardi.
Ce document, intitulé «Biocarburants: les remèdes sont-ils pires que la maladie?», devait être présenté lors d'une table ronde sur le développement durable organisée mardi et mercredi à Paris par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques.
Dans ce rapport, l'OCDE estime que «la poussée actuelle en faveur du développement des biocarburants crée des tensions intenables qui bouleverseront les marchés sans générer des bénéfices environnementaux significatifs».
En particulier, la surface «importante» de terres cultivables que la production de biocarburants requiert «met sous pression les prix de l'alimentation et de l'eau», et ce pour des bénéfices «très limités».
L'OCDE estime que les biocarburants permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre au mieux de 3%.
Elle juge en particulier que leur développement fait peser d'importants risques sur l'environnement, si l'on prend en compte l'acidification des sols qui en résultera, l'usage des engrais et des pesticides et les atteintes à la biodiversité: «Aussi longtemps que les valeurs environnementales ne seront pas intégrées par les marchés, il existera des incitations puissantes au remplacement des écosystèmes naturels (forêts, marécages, pâturages) par des cultures bioénergétiques.»
Evoquant leur rentabilité, l'organisation estime que ces carburants ne peuvent être compétitifs face à un pétrole à 70 dollars le baril «sans un large soutien des gouvernements».
Ceux-ci devraient restreindre leurs subventions au secteur au profit de politiques telles que la taxation des émissions de dioxyde de carbone, qui inciteraient au développement de technologies «plus efficientes», prône l'OCDE.
Priorité devrait aussi être donnée à la recherche sur les biocarburants de deuxième génération, et à la question de la certification, à inscrire «de façon urgente à l'agenda» de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).