La croissance de la consommation européenne de biocarburants a nettement ralenti en 2011, à seulement 3 % contre 40 % trois ans plus tôt, selon le baromètre des biocarburants de l'observatoire indépendant des énergies renouvelables EurObserv'ER.
L'an passé, la consommation du Vieux Continent a ainsi péniblement atteint 13,6 millions de tonnes-équivalent pétrole (tep), contre 13,2 millions en 2010.
Une progression qui masque un sérieux coup de frein pour ces biocarburants, puisque leur croissance était encore de quelque 11 % en 2010, 25 % en 2009 et culminait à 42 % en 2008.
En Allemagne, la consommation de biocarburants a même reculé de 3 %, tandis que la France, numéro deux derrière son voisin germanique, affiche une croissance atone (+0,5%).
Deux raisons principales à cela, selon EurObserv'ER : d'un côté, des objectifs européens pour 2020 (10 % de carburant renouvelable) considérés comme moins difficiles à atteindre que ceux de 2010 (5,75 %). De l'autre, une concurrence étrangère féroce, avec le bioéthanol américain et brésilien et de plus en plus le biodiesel argentin, suspecté de subventions à l'exportation.
Selon les premières estimations de l'European Biodiesel Board, la production européenne de biodiesel a ainsi chuté de 8 % en 2011, à 8,8 millions de tonnes, alors que la consommation a tout de même progressé de 2,4 %. Résultat : les usines européennes de biodiesel n'ont tourné l'an passé qu'à 40 % de leurs capacités, selon EurObserv'ER.
Le biodiesel (colza, tournesol, soja, palme...) reste de loin le plus consommé (78 %) en Europe. Le bioéthanol (betterave, maïs, canne à sucre...) utilisé dans les moteurs à essence représentant lui la quasi-totalité du reste (21 %). Dans les faits, l'essentiel des biocarburants consommés en Europe est mélangé aux carburants fossiles – des mécanismes soutenus par des subventions significatives – et le consommateur ignore donc souvent qu'il en met dans ses réservoirs.
« La priorité des gouvernements de l'Union européenne n'est plus à une croissance rapide de la consommation des biocarburants », souligne EurObserv'ER. Ainsi, seuls six pays ont relevé leur taux d'incorporation l'an passé.
Face aux craintes de déforestation et de mainmise sur les terres nourricières en cas d'essor massif des biocarburants, Bruxelles préfère désormais mettre en place des systèmes visant à vérifier que les carburants sont bien durables. A cela s'ajoute des inquiétudes de dumping. Si la situation s'est récemment améliorée avec les Etats-Unis et le Brésil, des pays comme l'Argentine, la Malaisie, voire l'Indonésie sont scrutés par Bruxelles, qui envisage de leur retirer des droits de douane préférentiels.
Du côté du bioéthanol, la situation est un peu meilleure : la consommation européenne de ce biocarburant a été plus rapide (+6,2 %) que celle du biodiesel (+2,4 %), tirée notamment par l'émergence dans les stations du carburant E10 (90 % essence/10 % bioéthanol).
La production est elle aussi restée dans le vert, avec une croissance de 3 % à 4,39 milliards de litres. Malgré une production en baisse de 4 % à 1 milliard de litres, la France est restée premier producteur d'Europe, devant l'Allemagne et l'Espagne.