« Il a été confirmé que le changement d'affectation des sols (CAS) lié à la mise en place de politiques en faveur des biocarburants a un sérieux impact en termes d'émission de gaz à effet de serre », tranche une étude de l'Ifpri (International Food Policy Research Institute) sur le sujet, publiée en octobre 2011.
Cette étude commandée par l'Union européenne fait la lumière sur les émissions de gaz à effet de serre induites par la délocalisation possible de cultures alimentaires, sous l'effet de la mise en place de cultures affectées aux biocarburants. Le rapport était très attendu, alors que l'Europe – au travers de la directive ENR – fixe des critères de durabilité avec des seuils minimaux de réduction de gaz à effet de serre par rapport aux carburants fossiles.
« En prenant en compte les effets d'un CAS moyen, près de la moitié de la réduction des émissions de gaz à effet de serre rendue possible par l'utilisation de biocarburants disparaît, appuie l'Ifpri. En revanche, de nombreuses politiques publiques ou commerciales ont des effets sur l'affectation des sols, et il serait difficile de justifier que le seul secteur des biocarburants doive rendre compte de l'effet CAS. »
L'institut met en garde que « l'attribution d'un coefficient d'effet CAS à chaque production apparaît difficile. Comment les producteurs de soja de l'Amérique du Sud pourraient être tenus responsables de la mise en culture de tourbières en Asie du Sud-Est », interroge le rapport.
En revanche, l'étude fait apparaître que « deux traitements différents pourraient être appliqués au biodiesel et au bioéthanol, ce dernier entraînant moins de risque d'effet CAS. L'Union européenne devrait ainsi essayer de trouver un ratio plus équilibré entre l'utilisation de ces deux carburants. Il faudrait augmenter les critères exigés pour le biodiesel, changer le système d'incitation de l'industrie automobile et ouvrir les frontières européennes en particulier au bioéthanol issu de la canne ».
L'Ifpri ouvre sur la nécessité de rendre les politiques en faveur des biocarburants plus flexibles, afin « qu'elles puissent prendre en compte les nouvelles informations disponibles, mais aussi s'adapter aux variations à court terme des prix des produits agricoles ».