L'Allemagne va modérer ses ardeurs en matière de biocarburants, le temps de vérifier que la production de certains d'entre eux répond bien à des critères écologiques, a indiqué vendredi le ministre de l'Environnement Sigmar Gabriel.
«Nous devons d'abord calculer combien de CO2 est dégagé lors de la production de biocarburants pour être sûr que cela contribue à la protection de l'environnement. Nous n'autoriserons que les biocarburants qui sont au moins 30% meilleurs» en matière de protection climatique que les carburants classiques, a-t-il dit sur la chaîne de télévision allemande ARD.
«Après (la parution de) quatre ou cinq grandes études internationales, nous allons devoir débattre de l'ensemble de notre stratégie sur les biocarburants et voir si elle est compatible avec les nouveaux résultats scientifiques», a expliqué Sigmar Gabriel.
Selon des experts américains notamment, l'implantation de cultures destinées à produire des biocarburants, souvent au détriment d'écosystèmes naturels, peut aggraver le réchauffement planétaire en générant pendant plusieurs décennies plus de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre.
L'Allemagne ne fait pas «marche arrière, certainement pas», a toutefois souligné le ministre de l'Environnement. Mais «tout doit être rééxaminé. Cela ne sert à rien de dire, juste parce qu'on a eu une bonne idée, allons-y, fonçons. Les critères que nous posons, au niveau national et de l'Union européenne, doivent être débattus», a ajouté Sigmar Gabriel. Ceci devra selon lui être fait «d'ici à l'été».
L'Allemagne veut importer uniquement des biocarburants produits de manière «écologique», «dans des conditions sociales» correctes et pas au détriment des «forêts tropicales», avait expliqué le ministre jeudi devant les députés.
Berlin n'importera par exemple pas d'huile de palme, «tant que des accords n'auront pas été conclus» avec les pays qui la produisent pour certifier les critères de production, a précisé M. Gabriel sur ARD.
Et «tout ce que la biomasse n'apporte pas en matière de réduction de CO2, nous devrons l'obtenir d'autres manières», a-t-il ajouté.
Les biocarburants (éthanol, biodiesel) devront, en 2020, composer 10% du carburant total utilisé par les véhicules de l'UE selon les objectifs fixés par la Commission européenne.