La directive européenne de 2003 visant à atteindre l’objectif de 5,75% de biocarburants dans la consommation totale de carburants en 2010 «est loin d’être la meilleure manière de soutenir le secteur agricole», estime l’Inra.
Dans une étude présentée par Alexandre Gohin, jeudi 14 juin à Paris, l’institut chiffre à 1,5 milliards d’euros la rémunération du travail agricole par rapport aux 10,5 milliards d’euros de dépenses publiques injectés dans l’achat des biocarburants. «En clair, il n’est pas possible de justifier cette politique uniquement par ses effets agricoles positifs», affirme Alexandre Gohin.
Pour atteindre l’objectif d’incorporation affiché, l’UE a besoin de 8 millions de tonnes d’huile de colza pour le biodiesel et de 7,3 millions de t d’éthanol. L’arbitrage entre la production domestique et les achats extérieurs devraient se traduire de manière différente selon les secteurs .
Ainsi, d’après les simulations de l’Inra, l’UE devrait passer d'une situation d’exportateur net d’huile de colza à celle d’importateur net. Concernant l’éthanol, la forte progression de la demande en blé serait absorbée par une réduction des exportations. Quant aux effets sur l’alimentation animale et sur l’élevage en général, il semble s’équilibrer à terme.
«En fait, précise Alexandre Gohin sur un potentiel d’augmentation de la valeur ajoutée agricole de 3,2 milliards d’euros, 1 milliard se cristallise déjà dans les droits à produire et le foncier et 0,7 dans la rémunération du capital». Reste à prendre en compte la création d’emplois dans le secteur qui est évaluée à 42 000 unités.