Les betteraviers du Centre-Est ont fait le bilan de la campagne de 2007 dans un climat morose à la suite de l'annonce, à la fin de l'année dernière, de la fermeture de l'usine d'Aiserey. Avec 85 t/ha de betteraves à 16% et 13,5 t/ha de sucre, les résultats ont été à la hauteur des meilleures régions de production françaises. L'arrêt définitif de la sucrerie de la Côte-d'Or a néanmoins condamné les 350 planteurs de la zone à supprimer la culture de la betterave dans leur exploitation.
Dans son rapport d'activité, Bernard Paillet, président de la commission mixte de la sucrerie, évoque un gâchis économique dont les conséquences pèseront lourdement dans les années à venir. «La déception est d'autant plus forte que les planteurs n'ont pas ménagé leurs efforts pour moderniser leur bassin de production avec le développement de la mécanisation très performante des récoltes et de la mise en place de nouveaux bassins d'irrigation», a-t-il précisé.
Frédéric Le Grand, président du syndicat betteravier du Centre-Est, a déploré la brutalité de la décision. «Ceux qui ont tout fait pour préparer l'avenir de la production sont les plus mal récompensés et sont même pénalisés», a-t-il expliqué.
Répondant à l'invitation du syndicat, Bruno Labilloy, directeur agricole, représentant le groupe coopératif Cristal Union, propriétaire du site d'Aiserey, a donné la position de la coopérative quant à la décision prise par le conseil d'administration.
«L'arrêt de la sucrerie du Centre-Est est la conséquence directe de la réforme européenne qui s'impose à nous. Cristal Union n'a pas fait cette opération pour restructurer son groupe. Depuis sa création en 2000, la coopérative avait déjà mené sa restructuration dans ses bassins de production», a-t-il dit.
Bruno Labilloy a annoncé la mise en place par Cristal Union d'une indemnisation complémentaire de 2,75 €/t pour l'arrêt contraint de la betterave, laquelle sera versée selon le même calendrier que les aides de Bruxelles.
L'intervention de Eric Lainé, président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves), a été aussi très remarquée lors de cette réunion. Il a annoncé l'attribution par la CGB d'une enveloppe équivalente à 1,09 €/t de betteraves à tous les planteurs forcés à abandonner la production.
«J'ai mesuré la problématique de la relation humaine qui a fait terriblement défaut dans cette restructuration. On ne s'adresse pas à des hommes comme à du bétail», a-t-il conclu.
Les planteurs ont fait part dans leurs nombreuses interventions de leur amertume. Ils rencontrent de grosses difficultés pour vendre leur matériel.
Un comité de pilotage a été mis en place pour préparer la reconversion de la zone betteravière. Ce groupe constitué des chambres d'agriculture, des FDSEA, des JA et des coopératives de la zone a pour mission d'élaborer des projets agricoles et industriels.
La Commission européenne a prévu l'allocation d'un fonds d'aide à la diversification agro-industrielle accompagnant la réforme du secteur sucrier. A ce titre, Jean-Pierre Gachot, président de la Sica Sécopulpe, et Etienne Genet, directeur, ont présenté les perspectives de développement de la production de biomasse pour redonner une activité à la Sica d'Aiserey, propriété des planteurs.