Les différents acteurs de la filière de la betterave se sont réunis, le 18 décembre 2012, à Saint-Folquin (Pas-de-Calais) pour faire le point sur une situation jugée alarmante. À cette date, à la suite d'une pluviométrie exceptionnelle (pour rappel, il est tombé jusqu'à 800 mm au cours de ces deux derniers mois), il restait environ 1.500 hectares à arracher sur la bordure littorale du Nord-Pas-de-Calais. Et ce sans compter les champs de pommes de terre, carottes ou lin qui ont été délaissés pour tenter de sauver la précieuse racine sucrière.
Les participants se sont d'abord rendus sur un chantier d'arrachage de l'entreprise de Jean-Pierre Joan. Sur les 850 ha qu'il arrache tous les ans, ce dernier en a encore 200 en terre. Sur place, les personnes présentes n'ont pu que constater l'impossibilité de rentrer dans les parcelles.
Décaler la fermeture d'au moins une des deux sucreries
Les agriculteurs et entrepreneurs ont ensuite pu débattre avec des représentants de l'Etat et du groupe sucrier Tereos. Ils ont tout d'abord plaidé que la seule solution serait de décaler la fermeture d'au moins une des deux sucreries impactées. « Pourquoi ne pas fermer Lillers, qui n'a que vingt jours de stock, et se reposer plus longtemps sur Attin, qui semble sortie d'affaire et possède des stocks pour fonctionner jusqu'à la fermeture théorique du 11 janvier ? », interpellent-ils. Le représentant de Tereos restera sans réponse, précisant seulement que, pour le moment, les dates de fermeture restaient celles fixées au début de la campagne.
Il ne dira rien non plus lorsqu'il sera interrogé sur une non-suspension temporaire de l'accord tare terre. Autre problème non résolu : « Que va-t-il se passer s'il reste des betteraves à arracher après la fermeture des sucreries, sachant que le sucrier a déjà payé les planteurs, betteraves arrachées ou non ? »
Augmentation des coûts d'arrachage
Le président de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires, Gérard Napias, a de son côté rappelé que « la situation a entraîné une augmentation de 40 % des coûts d'arrachage qu'il va bien falloir répercuter ». Il demande donc une aide financière des pouvoirs publics. Il faut savoir que lorsque les machines arrivent à tourner, c'est au prix d'une consommation de carburant qui explose à 100 l/ha pour un débit de chantier qui atteint au mieux les 40 ares par heure.
La seule éclaircie est venue du maire de Saint-Folquin qui a annoncé avoir obtenu du préfet, l'état de catastrophe naturel et une déduction d'impôt sur le foncier non bâti pour les agriculteurs de sa commune.
Lors de cette réunion, les agriculteurs n'ont pas manqué de pointer du doigt Voies navigables de France (VNF) qui n'auraient pas respecté ses engagements de baisser le niveau du canal de Calais. Ils leur reprochent également le manque d'entretien des wateringues, ce réseau de canaux caractéristique de cette région des polders.
Visionnez le reportage vidéo de la campagne d'arrachage de betteraves.
Plus de machines pour arracher dans les temps
A la fin de la semaine dernière, Yves Belegaud, directeur général de Tereos France, avait déjà annoncé plusieurs mesures prises par le groupe sucrier. « Pour venir en soutien aux ETA locales et faire en sorte que les surfaces puissent être arrachées d'ici à la fin de la campagne prévue au début de janvier, nous avons sollicité les ETA des autres zones betteravières françaises, qui disposent d'intégrales équipées ou non de chenilles. Nous nous sommes engagés à financer le transfert des machines depuis leur région d'origine jusqu'à la zone de travail », explique-t-il. Tereos a également décidé de ralentir certaines usines de déshydratation de pulpes, pour livrer des pulpes surpressées aux éleveurs qui n'ont pas pu récolter leur maïs ensilage, même ceux qui ne sont pas adhérents à la coopérative sucrière. (B.C.)