L'Argentine se trouve au bord d'une pénurie de viande et de lait dont l'approvisionnement est rompu en raison d'une ''grève'' d'agriculteurs qui se poursuit depuis huit jours pour protester contre la politique fiscale du gouvernement, s'inquiétaient jeudi les petits commerçants.
«La semaine prochaine, le manque de viande et de produits laitiers se fera sentir dans les commerces», a affirmé le secrétaire général de la Chambre des self-services et supermarchés des résidents chinois (CASRECH), Miguel Angel Calvete. Il a averti que les commerces «peuvent tenir sur encore trois jours de stock» avant que ne frappe la pénurie.
Les agriculteurs à l'origine de plus de la moitié des exportations argentines protestent contre la décision du gouvernement d'augmenter les taxes à l'exportation de plusieurs produits agricoles, dont le soja, principale richesse de l'Argentine.
Cette décision, annoncée la semaine dernière, a provoqué la colère des agriculteurs qui bloquent des centaines de routes du pays. Aucun produit agricole n'a été commercialisé et les Bourses aux céréales sont restés fermées alors que les agriculteurs ont annoncé la poursuite de la grève jusqu'à la semaine prochaine.
Les agriculteurs dénoncent les lourdes taxes dont ils sont l'objet et l'ingérence du gouvernement dans la fixation des prix de nombreux produits alimentaires, dont la viande ou le blé.
Les autorités argentines rétorquent que l'augmentation continue des prix des produits agricoles (+70% en un an pour le soja par exemple) justifie cette hausse des taxes.
Le ministre argentin de l'Economie, Martin Lousteau, avait annoncé mardi dernier une hausse de près de 9% de l'impôt grevant les exportations de soja, la principale richesse agricole du pays.
Chaque tonne de soja exportée est désormais taxée à hauteur de 44,1%, contre 35% auparavant, ce qui, ajouté aux autres taxes à l'exportation (blé, maïs, tournesol, etc.), devrait permettre à l'Etat argentin de récupérer plus de 11 milliards de dollars.
Cette manne permet à l'Argentine de boucler chaque année son budget avec un excédent fiscal record, tout en finançant sa politique en faveur des plus démunis.