Les agriculteurs argentins devaient mettre fin à une grève des livraisons de six jours, décidée à l'encontre de la politique agricole du gouvernement, en se rassemblant massivement, mercredi, en province et devant le Congrès argentin.
Ce mouvement, deux mois après un premier conflit qui avait duré 128 jours, n'a toutefois pas eu de conséquence sur les exportations agricoles du pays, qui atteignent quelque 35 milliards de dollars annuellement, en raison notamment des importants stocks existants, selon un responsable d'un réseau de coopératives agricoles de la province de Buenos Aires.
Les agriculteurs se sont refusés pendant six jours à commercialiser leur production de viande, soja ou céréales, pour protester contre la politique agricole du gouvernement et réclamer des baisses d'impôts alors que les prix des matières premières agricoles s'inscrit désormais à la baisse.
Le «campo», la campagne argentine, a prévu un grand rassemblement à San Pedro (160 km au nord-ouest de Buenos Aires) pour exprimer ce mécontentement à l'égard d'un gouvernement, accusé d'hostilité à son égard et d'ingérence au détriment de sa rentabilité.
Le gouvernement accuse de son côté les agriculteurs de «politiser» leur mouvement. Ce rassemblement devait être suivi plus tard dans la journée par une manifestation des agriculteurs devant le Congrès argentin, qui avait joué un rôle non négligeable dans le règlement de la précédente crise.
Des milliers d'agriculteurs, soutenus par les campagnes et de nombreux citadins, s'étaient alors opposés au gouvernement, faisant grève ou bloquant les routes, après une hausse des taxes à l'exportation de grains, principalement celles portant sur le soja, principale richesse agricole du pays.
La présidente argentine, Cristina Kirchner, avait cru gagner la partie en présentant son projet de taxes devant le Congrès, où elle disposait d'une confortable majorité. Mais c'était sans compter avec les parlementaires élus du «campo» et le vote décisif du vice-président argentin Julio Cobos, également président du Sénat. Ce vote négatif à une voix de majorité avait mis à la fin de juillet un terme, provisoire, à l'un des conflits les plus durs entre la campagne et le gouvernement central dans l'histoire de l'Argentine.
Depuis, la crise internationale a changé la donne pour des producteurs qui profitaient jusque-là d'une hausse spectaculaire des prix des matières premières agricoles. La tonne de soja, négociée il y a encore six mois à quelque 600 dollars, est passée sous la barre des 400 dollars, quand les coûts de production ont fortement augmenté, selon les organisations agricoles.
En raison notamment de la sécheresse, la production devrait également baisser lors de la campagne de 2008-2009 à 97 millions de tonnes de grain, quand elle atteignait les 100 millions lors de la campagne précédente.