La présidente argentine Cristina Kirchner a annoncé lundi des mesures en faveur des petits agriculteurs, jugés insuffisantes par le monde agricole qui a décidé de poursuivre une grève entamée il y a près de trois semaines en dépit des problèmes de ravitaillement dans les villes.
Dans un discours retransmis par les télévisions argentines, Mme Kirchner a confirmé la hausse des taxes à l'exportation sur le soja, principale richesse agricole du pays, décidée le 11 mars, et annoncé dans la foulée des mesures de compensation en faveur des petits et moyens producteurs.
Les dirigeants agricoles, qui réclamaient la suspension de cette hausse de taxes pendant 90 jours, ont toutefois confirmé leur mouvement qui s'accompagne de très nombreux barrages sur les routes du pays afin d'empêcher la commercialisation des produits agricoles, à l'exception du lait.
«Je vous demande une fois encore de laisser passer les camions et de vous considérer comme parties prenantes et non comme les propriétaires du pays», avait pourtant lancé Mme Kirchner à l'adresse des agriculteurs.
Parmi les mesures, figure notamment la compensation intégrale de la hausse des taxes aux cultivateurs, quelque 62.000, produisant moins de 500 tonnes de soja (sur environ 200 à 300 hectares). Ces producteurs recevront également des aides pour compenser le coût du transport lorsque leur exploitation est située à plus de 400 km des ports d'embarquement.
Selon le gouvernement, 20% des cultivateurs de soja concentrent 80% de la production, destinée essentiellement à l'exportation. Le «tout-soja» du «campo», la campagne argentine, où plus de la moitié des 30 millions d'hectares cultivés sont consacrés à l'oléagineux, est dénoncé par le gouvernement. Ce dernier redoute que le soja supplante le blé et le maïs et l'élevage bovin au détriment des consommateurs argentins, justifiant ainsi cette hausse de 25% des taxes sur l'oléagineux.
Ces explications n'ont toutefois pas convenu aux dirigeants agricoles. Le gouvernement «ne comprend pas les problèmes du ''campo''», a ainsi déclaré Mario LLambias, président des Confédérations rurales argentines.
Son homologue de la Fédération agraire argentine, Eduardo Buzzi, a confirmé lundi soir la poursuite de la grève au moins jusqu'à mercredi, dans l'attente d'une nouvelle réunion mardi des principaux syndicats agricoles pour décider de la suite à donner à ce conflit, l'un des plus durs dans l'histoire du pays.
Cette grève commence à poser de sérieux problèmes de ravitaillement dans les villes, particulièrement en ce qui concerne la viande, aliment préféré des Argentins, qui a pratiquement déserté les étals des boucheries.