Le plan Banane durable 1 « a globalement répondu aux enjeux de la filière », notamment en termes de réduction de l'usage des pesticides, estime le Centre d'études et de prospective (CEP) du ministère de l'Agriculture dans une publication mise en ligne le 23 septembre.
En matière environnementale, « l'objectif de réduction de l'utilisation de pesticides était très ambitieux [moins 50 % entre 2008 et 2013] et en avance par rapport au plan Ecophyto. Les progrès sont indéniables et le plan a permis une mutation de la filière vers un modèle plus respectueux de l'environnement, grâce à une dynamique forte de recherche et de diffusion des innovations par l'encadrement technique, ce qui a permis la vulgarisation de nouvelles techniques évitant l'emploi de pesticides (plantes de couverture, jachères, vitro-plants, biopièges, etc.). »
« Cependant, l'évaluation montre des résultats différents entre les deux îles. L'objectif a été atteint en Martinique avec une diminution de 51 % des quantités de matière active par hectare entre 2006 et 2013, passant ainsi en moyenne de 11 à 4-5 kg/ha. Cette baisse est essentiellement liée à la réduction d'emploi d'herbicides. En Guadeloupe, la diminution de 35 % des quantités de matière active par hectare, passant en moyenne 9 à 7,5 kg/ha, s'explique par un moindre recours aux nématicides. »
Des enseignements qui profitent à toute l'agriculture antillaise
Le Plan Banane Durable 1 « a eu des effets positifs sur la filière de la banane, mais aussi plus globalement sur l'agriculture des Antilles. Il a permis d'initier un projet commun entre les deux îles (définition d'objectifs partagés, d'une ligne directrice, etc.) et d'améliorer le dialogue entre les différents acteurs. Les moyens techniques développés par la filière de la banane ont pu profiter à d'autres filières, notamment avec la création de l'Institut technique tropical et avec l'homologation de biopesticides, utilisables par d'autres cultures fruitières. »
Selon l'étude, « il y a donc bien un “avant”- et un “après”-Plan Banane Durable 1 pour la filière, notamment sur le plan de l'évolution des pratiques respectueuses de l'environnement et pour le système de développement qui l'accompagne. »
Aller vers une IGP ou le bio
« Dans les prochaines années, l'enjeu serait de définir de nouveaux objectifs stratégiques en matière d'environnement, par exemple dans le domaine de la lutte contre les maladies, sans utiliser le traitement aérien (amélioration génétique avec la recherche de nouvelles variétés résistantes à la cercosporiose noire, méthodes de cultures alternatives, etc.). En matière économique, il serait en particulier nécessaire de créer des référentiels technico-économiques afin de mesurer les incidences et la durabilité des changements de pratiques. »
« La recherche d'alternatives à la compétitivité par le prix, par une stratégie de différenciation de la banane antillaise française, serait aussi à encourager. Ainsi, à court terme, l'obtention d'un signe de qualité IGP [identification géographique protégée] serait un objectif ; à moyen terme, le positionnement d'une partie de la production sur le segment bio, porteur de valeur auprès des consommateurs mais représentant un gros challenge technique, serait à rechercher ; à plus long terme, il serait intéressant de développer une nouvelle variété antillaise spécifique. »
« Enfin, sur le plan social, il conviendrait de mieux coordonner les mesures de gestion et de renouvellement des ressources humaines de la filière (formations diplômantes, installation et transmission des exploitations, lien au foncier, etc.). »