La réforme de l’OCM tabac adoptée en 2004 entre dans sa deuxième phase en 2010. Elle se traduit par la disparition de la partie des aides recouplées jusque-là à 60%. Elle correspond pour la France à une enveloppe de 40 millions d'euros (M€) désormais affectée aux fonds structurels européens.
«Le chiffre d’affaires à l’hectare va diminuer de 7.000 € en Alsace», annonce Rémy Losser, président de la Fédération régionale (et nationale) des planteurs de tabac. Albert Scheer et Antoine Reibel ont rapidement fait leur calcul. Le premier exploite à Westhouse (Bas-Rhin) 110 ha dont 7 de tabac. Il s’attend à ce que son revenu soit amputé de 50% en 2010. Le second a doublé sa surface de tabac à 4,5 ha en s’installant en 2000 sur 85 ha dans la commune voisine de Kertzfeld. Son revenu plongera de 40%. «Nous ne pouvons vivre des seules céréales. Il nous faut une culture spéciale», affirment-ils.
La Fédération des planteurs a engagé des actions pour accéder aux fonds structurels. Elle réclame des aides à l’investissement pour améliorer la compétitivité de la production et veut obtenir de meilleurs prix d’achat des industriels.
En 2009, le kilo a été cédé 1,70 € aux fabricants. «A moins de 3 €/kg, nous ne couvrons pas nos charges. Et nous ne gagnons rien», indiquent Albert Scheer et Antoine Reibel.
Les deux hommes ont en projet de travailler de concert et d’augmenter leurs surfaces à 30 ha pour mécaniser la cueillette en économisant le lourd poste de charges que représente la main-d’œuvre. Mais le contexte actuel leur a fait geler leur investissement.
Si aucune perspective n’est tracée d’ici à la fin de 2009, ils repartiront sur les mêmes bases que cette année. Et ils verront... Comme la majorité des autres planteurs alsaciens.
«Ils n’ont pas d’alternative. Plus aucune production n’offre de perspective sûre. Les planteurs feront leur bilan à l’automne de 2010. Ce sera l’heure de vérité pour l’avenir de la culture», explique Rémy Losser.
201 planteurs, 1.091 ha L’Alsace recensait 201 planteurs et 1.091 ha de tabac Virginie et Burley en 2009. Elle pèse 8,3% des producteurs français (2.400 ja ) et 16,7% des surfaces (6.500 ha). Son rendement moyen dépasse les 3.000 kg/ha alors que la moyenne nationale est plus proche des 2.900 kg/ha. Ce tabac léger sert de remplissage aux fabricants de cigarettes. Cette demande est en hausse en raison de l’augmentation des ventes dans les pays tiers. |