Des circuits courts émetteurs de gaz à effet de serre, de l'élevage pour améliorer le bilan carbone de l'agriculture... C'est en prenant le contre-pied de certaines idées reçues que s'est exprimé l'agronome Marc Dufumier, professeur à Agroparistech, lors d'un colloque intitulé « Alimentation et climat » organisé lundi à Paris par l'association des restaurateurs Bon pour le climat et l'Ajec 21 (association des journalistes énergie et climat).
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la banane importée de Martinique affiche un bilan carbone à faire rougir les tomates achetées en circuit court. La phase de transport est rarement déterminante dans le bilan carbone des produits alimentaires, loin derrière la phase de production agricole. « En moyenne, la phase de production correspondrait à 60 % dans les émissions de gaz à effet de serre d'un aliment, les transports 17 à 18 %, dont 11 % pour le transport entre le lieu de vente et le domicile du consommateur », a indiqué le professeur et agronome Marc Dufumier. Même si, a-t-il reconnu, une moyenne est forcément discutable vu la diversité des situations.
Il n'empêche : le transport maritime, avec des bateaux chargés à ras bord, est peu émissif, comme dans le cas de notre banane. Le transport d'un ou deux paniers de fruits et légumes achetés à un producteur local (mais pas suffisamment proche pour éviter de prendre sa voiture !) conduit à émettre bien plus de gaz carbonique par kilo de produit... « Mieux vaut promouvoir des circuits courts de taille critique », conclut Marc Dufumier.
« Il faut impérativement réassocier agriculteur et élevage »
Et pourtant... Malgré leur bilan carbone mitigé, l'agronome est persuadé que les circuits de proximité sont favorables à la réduction des gaz à effet de serre... mais indirectement ! Son idée : développer l'élevage bovin dans le Bassin parisien. Pour approvisionner les magasins locaux et les cantines et restaurants, bien sûr. Mais surtout pour rétablir des synergies entre systèmes de production.
« Il faut impérativement réassocier agriculteur et élevage », plaide-t-il, notamment pour éviter l'émission de nombreuses tonnes de protoxyde d'azote dûe à l'épandage d'engrais minéraux sur les sols (engrais qui, en plus, ont émis des GES lors de leur fabrication). Pour rappel, le protoxyde d'azote, qui a un pouvoir réchauffant 300 fois supérieur au CO2, est le plus gros contributeur de l'agriculture française au réchauffement climatique. Parallèlement, un travail sur la production de protéines locales, en substitution au soja et tourteau de soja importé, est nécessaire pour améliorer l'impact environnemental de l'élevage et diversifier les rotations.
« Le problème n'est pas technique mais politique parce que des intérêts commerciaux sont en jeu, a regretté l'agronome. La question du soutien aux protéines locales est bien plus abordée dans les négociations commerciales que les négociations climatiques ».
Ah vivement que la COP21 soit passée
mardi 10 novembre 2015 - 07h51
Pour ma part je pense que ce Monsieur M DUFUMIER, si comptable des émissions de CO2, en plus, en moins, circuits courts, circuits longs.. n'a peut être pas comptabilisé les émissions de CO2 qu'il peut émettre lui même à s'agiter tout le temps comme ça. Ah vivement que la COP21 soit passée et qu'enfin les vrais spécialistes et scientifiques évaluent la situation avec le recul nécessaire.