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Algues vertes

Les agriculteurs dos à la mer

Publié le jeudi 24 septembre 2009 - 16h28

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Les émanations toxiques de composants soufrés (H2S) qui s'échappent des ulves (algues vertes) en putréfaction sur les plages sont en cause dans la mort d'un cheval et le grave malaise de son cavalier à Saint-Michel-en-Grève, le 28 juillet 2009. Le Premier ministre venu sur place a déclaré que «ces pollutions représentent un danger pour la santé».

Un changement de cap qui renforce la position des associations de lutte contre les marées vertes. Seul accusé dans l'immédiat: les nitrates issus à 80% de l'agriculture.

Jean-Pierre Le Bihan, élu à la chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor, se désespère. «Selon les médias, nous n'aurions rien fait. Pourtant, en dix ans, la teneur en nitrates des eaux bretonnes a chuté de 44 à 36 mg. Dans la baie où est mort le cheval, elle est à 25 mg. Et il n'y a pas d'élevage hors sol», explique-t-il.

La profession a tenté de rappeler pourquoi la Bretagne subit l'essentiel de ces invasions: des fonds de baies peu soumises à l'effet chasse d'eau des marées, une bonne luminosité et la douceur du climat, comme dans les trois baies touchées dans les Côtes-d'Armor.

En outre, leurs sédiments sont riches en phosphore, véritable starter pour le développement des ulves. Cette pollution est issue, pour une grande part, des rejets urbains non traités (la quasi-totalité des stations d'épuration ne sont aux normes que depuis 2005) et, pour une moindre part, de l'agriculture. Il faudra cent ans pour s'en débarrasser. Vient ensuite le nitrate qui nourrit leur prolifération.

«Les éleveurs ont profondément modifié leurs pratiques depuis les PMPOA. Mais il faut du temps pour en voir le plein effet», explique Yves-Marie Beaudet, élu de la FDSEA. Thierry Thomas, de la Confédération paysanne, est plus radical: «Désintensifions ce modèle qui, en plus, nous rémunère mal.»

Il reste à savoir sur quelle base seront menées les négociations sur la réduction des nitrates: les écologistes demandent 60%, la chambre régionale travaille sur l'hypothèse de 30%. «Des chercheurs avancent le taux de 10 mg pour se débarrasser des ulves. A ce taux, il n'y a plus d'agriculteurs», estime Yves-Marie Beaudet.

Quelque 3.000 producteurs sont concernés dans le département. «Nous sommes prêts à produire avec les nouvelles demandes de la société», juge Thierry Thomas. Les agriculteurs veulent un engagement volontaire, des MAE renforcées qui les accompagneraient vers une agriculture qui n'existe pas encore. Mais, sous la pression actuelle, auront-ils le temps qu'aboutissent les recherches en cours dans les instituts?

Le tout pour un résultat non garanti sur les algues. En l'absence de nitrates lessivés, des cyanobactéries peuvent puiser l'azote nécessaire dans l'air. Certains chercheurs avancent l'idée que la simple nitrification naturelle rend vain l'objectif de 10 mg/l. Avec, en filigrane, les prochaines régionales, les débats houleux en cours promettent de redoubler d'intensité.

Témoignage: PIERRE-YVES COLLET, éleveur à Hillon, dans la baie de Saint-Brieuc

«On se sent tellement seuls»

«Notre Gaec de 96 ha a un quota de 580.000 litres et nous élevons 900 porcs (en baisse). Aux normes depuis 1997, nous explorons toutes les pistes: non-labour, désherbage mécanique, plantation de haies. Nous cultivons du maïs, faute d'herbe après 15 juin. Il est difficile d'aller plus loin économiquement. Notre commune, lieu cible de la manifestation anti-algues du 26 septembre, compte 30 exploitants. Ils sont tous aux normes. En dehors du syndicat, on n'a pas eu d'appel de soutien de nos coopératives ou banquiers. Nous avons demandé une entrevue avec la mairesse. On nous accuse de tout mais, depuis trente ans, il y a eu la construction de routes, de maisons, une artificialisation qui accélère le flux de l'eau vers les rivières et la mer.»

Trois mois pour un rapport

François Fillon vient de nommer la mission interministérielle qui élaborera en trois mois un plan de gestion et de prévention des risques sanitaires. Elle travaillera sur le retraitement des algues et définira les mesures de réduction des rejets azotés. Il a aussi débloqué 215.000 euros pour indemniser les huit communes les plus touchées dans les Côtes-d'Armor et le Finistère.

M-G.M.


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